ce.
M. de Frotte, en Normandie, tachait d'y preparer une Vendee, mais ni
l'un ni l'autre ne voulaient s'entendre avec les agens de Paris. Le
prince de Conde, dupe sur le Rhin dans son intrigue avec Pichegru,
voulait toujours la conduire a part, sans y meler ni les Autrichiens,
ni le pretendant, et c'est a regret qu'il les avait mis dans le secret.
Pour mettre de l'ensemble dans ces projets incoherens, et surtout pour
avoir de l'argent, les agens de Paris firent voyager l'un d'entre eux
dans les provinces de l'Ouest, en Angleterre, en Ecosse, en Allemagne
et en Suisse. Ce fut Duverne de Presle qui fut choisi. Ne pouvant pas
reussir a priver Puisaye de son commandement, on essaya, par l'influence
du comte d'Artois, de le rattacher au systeme de l'agence de Paris, et
de l'obliger a s'entendre avec elle. On obtint des Anglais la chose
la plus importante, quelque secours d'argent. On se fit donner par le
pretendant des pouvoirs qui faisaient ressortir toutes les intrigues
de l'agence de Paris. On vit le prince de Conde, qu'on ne rendit ni
intelligent, ni maniable. On vit M. de Precy, qui etait toujours le
promoteur secret des troubles de Lyon et du Midi; enfin on concerta un
plan general qui n'avait d'ensemble et d'unite que sur le papier, et qui
n'empechait pas que chacun agit a sa facon, d'apres ses interets et ses
pretentions.
Il fut convenu que la France entiere se partagerait en deux agences,
l'une comprenant l'Est et le Midi, l'autre le Nord et l'Ouest. M. de
Precy etait a la tete de la premiere, les agens de Paris dirigeaient
la seconde. Ces deux agences devaient se concerter dans toutes leurs
operations, et correspondre directement avec le pretendant qui leur
donnait ses ordres. On imagina des associations secretes sur le plan de
celles de Baboeuf. Elles etaient isolees entre elles, et ignoraient le
nom des chefs, ce qui empechait qu'on ne saisit toute la conspiration en
saisissant l'une des parties. Ces associations devaient etre adaptees a
l'etat de la France. Comme on avait vu que la plus grande partie de la
population, sans desirer le retour des Bourbons, voulait l'ordre,
le repos, et imputait au directoire la continuation du systeme
revolutionnaire, on forma une maconnerie dite des _Philantropes_, qui
s'engageaient a user de leurs droits electoraux et a les exercer en
faveur d'hommes opposes au directoire. Les philantropes ignoraient le
but secret de ces menees, et on ne devait leur avouer qu'une seule
intenti
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