lifie tour a tour de comte de Lille ou de Louis XVIII,
avait quitte Verone, comme on a vu, pour passer a l'armee du Rhin. Il
s'etait arrete un moment dans le camp du prince de Conde, ou un accident
mit sa vie en peril. Etant a une fenetre, il recut un coup de fusil,
et fut legerement effleure par la balle. Ce fait, dont l'auteur resta
inconnu, ne pouvait manquer d'etre attribue au directoire, qui n'etait
pas assez sot pour payer un crime profitable seulement au comte
d'Artois. Le pretendant ne resta pas long-temps aupres du prince de
Conde. Sa presence dans l'armee autrichienne ne convenait pas au cabinet
de Vienne, qui n'avait pas voulu le reconnaitre, et qui sentait combien
elle envenimerait encore la querelle avec la France, querelle deja trop
couteuse et trop cruelle. On lui signifia l'ordre de partir, et, sur son
refus, on fit marcher un detachement pour l'y contraindre. Il se retira
alors a Blankembourg, ou il continua d'etre le centre de toutes les
correspondances. Conde demeura avec son corps sur le Rhin. Le comte
d'Artois, apres ses vains projets sur la Vendee, s'etait retire en
Ecosse, d'ou il correspondait encore avec quelques intrigans, allant et
venant de la Vendee en Angleterre.
Lemaitre etant mort, ses associes avaient pris sa place et lui avaient
succede dans la confiance du pretendant. C'etaient, comme on le sait
deja, l'abbe Brottier, ancien precepteur, Laville-Heurnois, ci-devant
maitre des requetes, un certain chevalier Despomelles, et un officier de
marine nomme Duverne de Presle. L'ancien systeme de ces agens, places a
Paris, etait de tout faire par les intrigues de la capitale, tandis que
les Vendeens pretendaient tout faire par l'insurrection armee, et le
prince de Conde tout par le moyen de Pichegru. La Vendee etant soumise,
Pichegru etant condamne a la retraite, et une reaction menacante
eclatant contre la revolution, les agens de Paris furent d'autant plus
persuades que l'on devait tout attendre d'un mouvement spontane de
l'interieur. S'emparer d'abord des elections, puis s'emparer par les
elections des conseils, par les conseils du directoire et des places,
leur semblait un moyen assure de retablir la royaute, avec les moyens
meme que leur fournissait la republique. Mais pour cela il fallait
mettre un terme a cette divergence d'idees qui avait toujours regne
dans les projets de contre-revolution. Puisaye, reste secretement en
Bretagne, y revait, comme autrefois, l'insurrection de cette provin
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