on, celle de renforcer l'opposition. Une autre association, plus
secrete, plus concentree, moins nombreuse, et intitulee _des fideles_,
devait se composer de ces hommes plus energiques et plus devoues,
auxquels on pouvait reveler le secret de la faction. Les fideles
devaient etre secretement armes, et prets a tous les coups de main.
Ils devaient s'enroler dans la garde nationale, qui n'etait pas encore
organisee, et, a la faveur de ce costume, executer plus surement les
ordres qu'on leur donnerait. Leur mission obligee, independamment de
tout plan d'insurrection, etait de veiller aux elections; et si on en
venait aux mains, comme cela etait arrive en vendemiaire, de voler au
secours du parti de l'opposition. Les fideles contribuaient en outre
a cacher les emigres et les pretres, a faire de faux passeports, a
persecuter les revolutionnaires et les acquereurs de biens nationaux.
Ces associations etaient sous la direction de chefs militaires, qui
correspondaient avec les deux agences principales, et recevaient leurs
ordres. Tel etait le nouveau plan de la faction, plan chimerique que
l'histoire dedaignerait de rapporter, s'il ne faisait connaitre les
reves dont les partis se repaissent dans leurs defaites. Malgre ce
pretendu ensemble, l'association du Midi n'aboutissait qu'a produire des
compagnies anonymes, agissant sans direction et sans but, et ne suivant
que l'inspiration de la vengeance et du pillage. Puisaye, Frotte,
Rochecot, dans la Bretagne et la Normandie, travaillaient a part a
refaire une Vendee, et desavouaient la contre-revolution mixte des agens
de Paris. Puisaye fit meme un manifeste pour declarer que jamais la
Bretagne ne seconderait des projets qui ne tendraient pas a rendre par
la force ouverte une royaute absolue et entiere a la famille de Bourbon.
Le prince de Conde continuait de son cote a correspondre directement
avec Pichegru, dont la conduite singuliere et bizarre ne s'explique que
par l'embarras de sa position. Ce general, le seul connu dans l'histoire
pour s'etre fait battre volontairement, avait lui-meme demande sa
demission. Cette conduite devra paraitre etonnante, car c'etait se
priver de tout moyen d'influence, et par consequent se mettre dans
l'impossibilite d'accomplir ses pretendus desseins. Cependant on la
comprendra en examinant la position de Pichegru: il ne pouvait pas
rester general sans mettre enfin a execution les projets qu'il
annoncait, et pour lesquels il avait recu des sommes co
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