er instant et qui paralysait ses facultes.
Le cardinal Rovenni attendit un instant. Et, alors, d'une voix sourde,
il se mit a lire le parchemin:
"Au nom du Pere, du Fils et du Saint-Esprit. Au nom de notre Souveraine
elue et choisie pour monter sur le trone de Pierre et y exercer le
pontificat sous le nom de Fausta, Premiere du nom, en notre ame et
conscience avons declare Jean Farnese, cardinal, coupable de haute
trahison envers la Souverainete pontificale; et Claude, bourreau-jure,
coupable de rebellion et trahison envers la Societe. En consequence,
moi, Francois Rovenni, cardinal par la grace de Dieu, ai donne lecture
aux condamnes de la sentence de mort, ai respectueusement supplie Sa
Saintete, notre Souveraine pontificale, de prononcer sur le genre de
supplice applicable aux condamnes."
La papesse ne fit pas un mouvement. Seulement ses yeux noirs
etincelaient dans la demi-obscurite. Et sa voix sans accent humain, sans
pitie, sans haine, prononca:
"Nous, Fausta Iere, souveraine par l'election du conclave secret, vu
la sentence qui condamne a mort Jean Farnese, cardinal, et Claude,
bourreau-jure, vu le malheur des temps qui commande encore le secret,
arretons:
"Que les deux condamnes ne soient pas ostensiblement executes;
"Que la Faim et la Soif soient les executrices de la sentence."
Tous les personnages qui entouraient le trone s'agenouillerent
alors. Une eclatante lumiere, jaillie de vingt-quatre lampes soudain
demasquees, inonda le trone d'ivoire, les trompettes sonnerent une
fanfare aux accents larges et lents, que soutenaient les mugissements
d'un grand orgue, dissimule derriere le trone... et, sur ce trone,
Fausta, debout, leva le bras, etendit la main droite, et les trois
doigts s'ouvrirent pour la benediction pontificale...
Soudain cette fantastique vision disparut en un instant... Farnese et
Claude se retrouverent plonges dans une profonde obscurite. Lorsque la
lampe du plafond se ralluma, grace a quelque invisible mecanisme, au
lieu de la grille, ils virent la muraille telle qu'elle etait d'abord.
--Quel affreux cauchemar!... balbutia Claude.
--Quelle realite sinistre! repondit Farnese de sa voix glaciale. Vous
n'avez pas reve!
--Quoi!... Nous sommes condamnes a mourir...
--De faim et de soif!.. Oui!...
Claude voulait mourir, mais non de cette epouvantable mort. Il jeta
autour de lui un regard de feu.
--Cette fenetre! gronda-t-il.
En un clin d'oeil, il eut place un escabeau
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