spece, d'individu. Mais, en meme temps, ses parties
sont affectees les unes de certaines formes, les autre de certaines
autres, qui ne sont pas celles de la totalite, et qui font des parties
elementaires differentes de nature. (Physique ou ontologie.)
17 deg. La forme, qui on se joignant a la matiere, produit successivement le
genre, l'espece, l'individu, est en general la difference qui diversifie
le semblable. C'est surtout a ce qui transforme le genre en espece que
s'applique ce nom de difference. La difference n'est pas une simple
qualite, elle n'est pas non plus par elle-meme une substance, car il n'y
a point de substance sans matiere. Elle est la forme simple, la forme
proprement dite. La forme simple est celle qui constitue une nature.
(Idealisme platonique.)
18 deg. La matiere de la substance est la pure essence, etre en puissance,
indetermine pur, universel sans forme, et accessible a toutes les
formes. L'essence de la substance, c'est d'etre; elle n'a pas d'autre
_quiddite_. (Idealisme au point de vue logique, spinozisme au point
de vue ontologique; hegelianisme au point de vue de la doctrine de
l'identite de la logique et de l'ontologie.)
Faut-il admettre, en effet, ce vaste et incoherent ensemble de doctrines
dans la tete d'un seul homme, et la philosophie d'Abelard est-elle
le chaos? Nous ne le pensons point. Sans doute, les necessites de la
polemique l'entrainent parfois a des assertions peu conciliables entre
elles, et l'esprit de la dialectique, qui, jouant avec les mots comme
avec des signes d'algebre, perd souvent de vue la realite, a pu souvent
lui dicter des raisonnements qui sont de pures formes logiques, sans
application et sans valeur pour la science des choses. Mais il nous
parait cependant que la coherence se retablit entre ses idees, si l'on y
retablit l'ordre, et si l'on distingue les points de vue successifs dans
lesquels il s'est place pour considerer la question. Ces distinctions,
il ne s'en rendait peut-etre pas bien compte; cet ordre, il n'aurait
peut-etre pas su l'etablir par lui-meme. La methode etait inconnue aux
philosophes de cet age, et celui-ci en aurait eu grand besoin pour
eclaircir et justifier l'eclectisme qu'il a porte dans la discussion
des universaux. Refutant tout, empruntant de tout, Abelard me parait en
effet avoir procede en eclectique.
Pour lui, ce qu'il y a de vrai du nominalisme, c'est, non que les
universaux sont des voix, mais qu'ils existent comme universaux
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