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Lorsque, revenu de sa proscription de Fructidor, Fontanes fut reinstalle en France, nous retrouvons M. Joubert en correspondance avec lui. Il le console, en sage tendre, de la mort d'un jeune enfant: "Ces etres d'un jour ne doivent pas etre pleures longuement comme des hommes; mais les larmes qu'ils font couler sont ameres. Je le sens, quand je songe surtout que votre malheur peut, a chaque instant, devenir le mien. Je vous remercie d'y avoir songe. Je ne doute pas qu'en cas pareil vous ne fussiez pret a partager mes sentiments comme je partage les votres. Les consolations sont un secours qu'on se prete et dont tot ou tard chaque homme a besoin a son tour." Il revient de la a sa difficulte d'ecrire, a ses ennuis, a sa sante, a se peindre lui-meme selon ce faible aimable et qu'on lui pardonne; car, si occupe qu'il soit de lui, il a toujours _un coin a loger les autres_: c'est l'esprit et le coeur le plus _hospitaliers_. Il se recite donc en detail a son ami; il se plaint de son esprit qui le maitrise par acces, qui le surmene: madame Victorine de Chastenay disait, en effet, de lui qu'il avait l'air d'une ame qui a rencontre par hasard un corps, et qui s'en tire comme elle peut. Mais aussi il desarconne parfois cette ame, cet esprit, ce cavalier intraitable, et alors il vit des mois entiers _en bete_ (il nous l'assure), sans penser, couche sur sa litiere: "Vous voyez, poursuit-il, que mon existence ne ressemble pas tout a fait a la beatitude et aux ravissements ou vous me supposez plonge. J'en ai quelquefois cependant; et si mes pensees s'inscrivaient toutes seules sur les arbres que je rencontre, a proportion qu'elles se forment et que je passe, vous trouveriez, en venant les dechiffrer dans ce pays-ci apres ma mort, que je vecus par-ci par-la plus Platon que Platon lui-meme: _Platone platonior._" Une de ces pensees, par exemple, qui s'inscrivaient toutes seules sur les arbres, sur quelque vieux tronc bien chenu, tandis qu'il se promenait par les bois un livre a la main, la voulez-vous savoir? la voici; elle lui echappe a la fin de cette meme lettre: "Il me reste a vous dire sur les livres et sur les styles une chose que j'ai toujours oubliee: achetez et lisez les livres faits par les vieillards qui ont su y mettre l'originalite de leur caractere et de leur age. J'en connais quatre ou cinq ou cela est fort remarquable. D'abord le vieil Homere, mais je ne parle pas de lui. Je ne dis rien non plus du vieil Eschyle
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