livre qu'il protege;
Que l'on y fasse foi comme a l'original,
Et que les gens de bien n'en disent point de mal.
Ordonnons a celui de nos gens qui sait lire
De bien executer ce que l'on vient d'ecrire;
De soutenir partout prose, vers et couplets,
Nonobstant les clameurs, nonobstant les sifflets:
Tel est notre plaisir et telle est notre envie.
Fait dans notre boudoir, bureau digne d'envie,
Le premier jour de l'an sept cent quatre-vingt-un,
Et de nos ans un peu plus que le vingt et un.
Signe d'Aguesseau, comtesse de Segur.
Et plus bas, Laure de Segur.
(C'etait la fille de l'auteur, agee alors de moins de trois ans.)
Pourtant les depeches ecrites par M. de Segur durant sa campagne
d'Amerique avaient donne de sa prudence et de sa finesse d'observation
une assez haute idee, pour qu'au retour M. de Vergennes songeat a
le demander au marechal son pere, et a le lancer activement dans la
carriere des negociations. Le poste qu'on lui destinait au debut etait
des plus importants: il s'agissait de representer la France aupres de
l'imperatrice Catherine. Les etudes serieuses et positives auxquelles
dut se livrer a l'instant le jeune colonel devenu diplomate,
temoignaient des ressources de son esprit et marquerent pour lui
l'entree des annees laborieuses. Ces annees furent bien brillantes
encore durant tout le cours de cette ambassade, ou il sut se concilier
la faveur de l'illustre souveraine et servir efficacement les interets
de la France. Profitant de l'aigreur naissante qu'excitait contre les
Anglais la politique toute prussienne et electorale de leur roi, usant
avec adresse de l'acces qu'il s'etait ouvert dans l'esprit du prince
Potemkin, il parvint a signer, vers les premiers jours de l'annee 1787,
avec les ministres russes, un traite de commerce qui assurait a
la France tous les avantages dont jusqu'alors les Anglais avaient
exclusivement joui. Ce succes fut, en quelque sorte, personnel a M. de
Segur, qui, dans ses _Memoires_ et dans ses divers ecrits, a pu s'en
montrer fier a bon droit. Efface a son arrivee par les ministres
d'Angleterre et d'Allemagne, il n'avait du qu'a lui-meme, a cet heureux
accord de decision et de bonne grace qui ne se rencontre qu'aux
meilleurs moments, de se conquerir de plain-pied une consideration dont
l'effet s'etendit par degres jusque sur ses demarches politiques. Si
quelque interet s'attache aujourd'hui pour nous a cette negociation, il
tient tout entier, on l
|