e proselytisme, il y voit les deux instruments et
comme les deux _bras_ toujours en action pour remuer le monde.
[Note 200: C'est aussi l'opinion formelle d'un connaisseur
tres-interesse dans la question, de celui qui n'est autre que ce premier
roi _futur_ (j'en demande bien pardon a M. de Maistre).--Voir les
_Memoires_ de Napoleon, tome I, page 4.]
Un troisieme et remarquable aspect qui, dans les _Considerations_, se
rattache au precedent, et qui prouve a quel point l'auteur avait bien
vu, c'est le nombre de conjectures, de promesses, et meme de predictions
qui se sont trouvees justifiees. Sous la question, toute civile et
politique en apparence qu'elle etait devenue, il decouvre le caractere
religieux, le sens theologique si verifie par ce qui s'est produit a nos
yeux depuis quarante ans, et lors de la grande reaction de 1800, et dans
ce mouvement actuel, persistant et encore inepuise des esprits. Il ne
craint pas de poser le grand dilemme dans toute sa rigueur: "Si la
Providence _efface_, sans doute c'est pour _ecrire_... Je suis
si persuade des verites que je defends, que lorsque je considere
l'affaiblissement general des principes moraux, la divergence des
opinions, l'ebranlement des souverainetes qui manquent de base,
l'immensite de nos besoins et l'inanite de nos moyens, il me semble que
tout vrai philosophe doit opter entre ces deux hypotheses, ou qu'il va
se former une nouvelle religion, ou que le christianisme sera rajeuni de
quelque maniere extraordinaire. C'est entre ces deux suppositions
qu'il faut choisir, suivant le parti qu'on a pris sur la verite du
christianisme." S'il se prononce dans les pages qui suivent, et avec une
incomparable eloquence, pour le triomphe immortel de ce christianisme
tant combattu, il a du moins donne jour a la perspective sur le
_rajeunissement_. Je sais bien qu'il l'interpretait pour son compte en
un sens rigoureux et orthodoxe, mais de plus libres que lui peuvent
varier en idee la nuance.
En 1796, M. de Maistre predisait sans marchander une Restauration et en
dictait d'avance le bulletin avec l'ordre et la marche de la ceremonie.
Le chapitre intitule: _Comment se fera la Contre-revolution si elle
arrive?_ est charmant, vrai, piquant. On a pour conclusion derniere une
suite d'extraits de Hume sur la fin du Long-Parlement a l'agonie, la
veille de la restauration des Stuarts. Est-il besoin de remarquer que
l'auteur oublie de pousser assez loin la citation et l'allusion, qu'il
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