Rose-Croix, la religion
chretienne ne semble pas suffisamment distinguee de ce qui est touche
tout a cote, il apparait assez clairement que l'auteur ne favorise en
rien les nouveautes religieuses qui ont trouble le royaume et porte
atteinte a la foi des aieux. Il incline pour l'ordre politique avant
tout, pour la raison d'Etat, et, tout en se conservant sceptique, il se
prepare a etre tres-romain.
L'_Apologie pour tous les grands personnages qui ont ete faussement
soupconnes de magie_, publiee en 1625, est un livre tres-savant dont
le sujet, pour nous des plus bizarres, ne peut s'expliquer que par
la grossierete des prejuges d'alentour. Il s'agit tout simplement de
prouver que Zoroastre, Orphee, Pythagore, Numa, Virgile, etc., etc., _e
tutti_, n'etaient point des sorciers ni des magiciens au sens vulgaire,
et que s'ils peuvent s'appeler _mages_, c'est suivant la signification
irreprochable et pure de la plus divine sagesse. On a besoin, pour
comprendre que ce livre de Naude a ete utile et presque courageux, de
se representer l'etat des opinions en France au moment ou il parut. On
etait alors dans une sorte d'epidemie de sorcellerie entre le proces
dela marechale d'Ancre et celui d'Urbain Grandier. Ce courant de folles
idees, ce souffle aveugle dans l'air, attisait plus d'un bucher.
Atrocite ici, mauvais gout la. On melait les sorciers a tout, meme aux
elegies d'amour, et non pas, croyez-le bien, a la facon de l'antiquite.
Ogier, a vingt ans, composait une heroide a l'imitation d'Ovide sur la
sotte histoire que voici et qui courait, dit-il, tout Paris: "Un M.
de F., apres des recherches passionnees, epouse Mlle de P., fille de
beaucoup de merite, mais peu accommodee des biens de la fortune, puis
incontinent apres son mariage l'abandonne lachement. Ses parents
favorisent son divorce, disent qu'il a ete _ensorcele_, etc." C'etaient
la les sujets a la mode, les gentillesses dans les belles compagnies. Le
XVIe siecle, si grand et si fertile qu'il eut ete pour les esprits des
doctes et pour les penseurs, avait laisse au vulgaire et, pour parler
plus simplement, au public, toute sa rouille; il ne l'avait pas
civilise. Le public, a son tour, on peut le dire, n'avait pas civilise
non plus les savants. Scaliger et Cardan, les deux plus grands
personnages modernes selon Naude, les deux seuls qu'on put opposer aux
plus signales des anciens, avaient pousse le plagiat de l'antiquite
jusqu'a parler d'une facon presque serieuse de le
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