religieux et instruit; mais une petite brochure publiee
en 1839, et qui a pour titre: _M. le comte Joseph de Maistre et le
Bourreau_, nous indique M. Nolhac, membre associe de l'Academie de Lyon,
qui avait lu des lors dans une seance publique un chapitre detache de
son ouvrage. Il avait choisi un chapitre a effet, et nous preferons,
pour notre compte, la couleur du livre a celle de l'echantillon. Le plus
grand reproche qu'on puisse adresser au refutateur de M. de Maistre,
c'est qu'il n'embrasse nulle part l'etendue de son sujet, et qu'il ne le
domine du coup d'oeil a aucun moment; il suit pas a pas son auteur,
et distribue a chaque propos les pieces diverses et notes qu'il a
recueillies. Le journaliste Le Clerc, parlant un jour de Passerat et des
commentaires un peu prolixes de ce savant sur Properce, je crois, ou sur
tout autre poete, dit qu'on voit bien que Passerat avait ramasse dans
ses tiroirs toutes sortes de remarques, et qu'en publiant il n'a pas
voulu _perdre ses amas_. On pourrait dire la meme chose de l'ermite de
Rothaval: il a voulu ne rien perdre et tout employer. Les auteurs et les
autorites les plus disparates se trouvent comme ranges en bataille et
sur la meme ligne; M. Ancelot, par exemple, y figurera pour six vers de
_Marie de Brabant_, non loin de M. Damiron et des Vedams. En revanche,
on doit au patient collecteur, en le feuilletant, de voir passer
sous ses yeux quantite de textes dont quelques-uns nouveaux, assez
interessants et qui ont trait de plus ou moins loin aux doctrines
critiquees. Plus d'une fois il a cherche a retablir au complet, et dans
un sens different, des citations que de Maistre tirait a lui; cette
discussion positive a de l'utilite. J'appliquerai donc volontiers a
ces notes ce qu'on a dit du volume d'epigrammes: _Sunt bona, sunt
quaedam_...., et je pardonne a toutes en faveur de quelques-unes.
Si l'on demandait a l'auteur des conclusions un peu generales, on les
trouverait singulierement disproportionnees a l'appareil qu'il deploie:
"J'ai montre, dit-il en finissant, M. Joseph de Maistre injuste dans sa
critique et depassant presque toujours le but qu'il voulait atteindre,
_parce que, pour ne suivre que les inspirations de la raison, il lui
aurait fallu avoir dans l'esprit plus de calme qu'il n'en Avait_."--Ce
sont la des _truisms_, comme disent les Anglais, et il semble que le
refutateur ait voulu infliger cette penitence a l'impatient et paradoxal
de Maistre, de ne pas les lui me
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