un homme plus etourdi qu'une mouche, et moins
sense es-affaires du monde qu'un enfant; et si d'aventure il s'obstine
de ne vouloir entendre a tant de voies d'accord que je lui fais
presenter par mes amis en rongeant mon frein le plus qu'il m'est
possible, et qu'il veuille toujours persister en ses menteries
ordinaires et en ses impostures, j'en ferai une telle vengeance a
l'avenir que, s'il a evite les justes ressentiments du maitre du palais
de Rome en s'enfuyant a Paris sous pretexte d'etre poursuivi des
Espagnols qui ne pensoient pas a lui, il n'evitera pas pourtant les
miens. Au reste, je fusse toujours demeure dans la promesse que je vous
avois faite de mepriser les medisances qu'il vous avoit faites de moi,
si trois ou quatre mois apres je n'eusse recu nouvel avis de Paris et de
la part de M. de _La Motte_[254] que je vous nomme confidemment, et depuis
encore par la bouche du Pere Le Duc, minime, qu'il continuoit tous les
jours a vomir son venin contre moi; apres quoi je vous avoue que la
patience m'est echappee, mais non pas neanmoins que j'aie encore rien
ecrit contre ledit Pere, sinon en general a ceux que je croyois le
pouvoir remettre en bon chemin; ce qui neanmoins n'a servi de rien
jusqu'a cette heure, a cause de son orgueil insupportable: et Dieu
veuille que vous ne soyez pas le quatrieme de ses bienfaiteurs qui
eprouviez son etrange ingratitude! Je ne saurois mieux le comparer
qu'a un charlatan sur un theatre. Il _chiarle[255]_ puissamment, il ment
effrontement, il debite des bagatelles a la populace; mais avec tout
cela c'est un fol enrage, un imposteur, un menteur, un superbe, un
impatient, un ingrat, un philosophe masque qui n'a jamais su ce que
c'etoit de faire le bien ni de dire la verite. J'ai regret d'y avoir
ete attrape par les persuasions de M. Diodati, mais j'ai encore plus de
regrets qu'il vous en soit arrive de meme, et que vous lui ayez fait
tant d'honneurs et de caresses; car je penetre quasi que, depuis la
lettre que vous lui ecrivites de M. Gassendi, il a commence de ne vous
pas epargner. Mais si ce que l'on m'ecrit de Paris est veritable,
j'espere qu'il en portera bientot la peine, parce que l'on dit qu'il
n'est plus caresse que de M. Diodati, lequel encore beaucoup de ses amis
tachent de desabuser; et il fait tous les jours tant de sottises que
l'on ne l'estime deja plus bon a rien. Je ne sais si vous avez su que
l'on lui avoit retarde le payement de ses gages, a cause qu'il s'etoit
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