qu'une seule fois avec cette
ferveur, et qui s'en trouvait dupe, jura sans doute qu'on ne l'y
reprendrait plus. Il faut toutefois qu'il soit revenu a des sentiments
plus favorables a son ancien ami, puisqu'il ne fit imprimer le
Panegyrique dont nous avons parle qu'en 1644, pour preter hautement
secours a la memoire de Campanella mort _beatissimis Thomae Campanellae
Manibus_, contre de certaines calomnies dont elle venait d'etre l'objet.
Le Panegyrique imprime et la lettre manuscrite n'en font pas moins
le plus sanglant contraste, et donnent une rude lecon au biographe
litteraire qui se lierait avec candeur a ce qu'on imprime. (Voir
l'_Appendice_ a la tin du present volume.)]
Parmi les singularites de ce traite sur les _Coups d'Etat_, on a
remarque qu'il commence par _Mais_, comme le _Moyen de Parvenir_
commence par _Car_. Naude faisait nargue a la rhetorique des le premier
mot.
Parmi les opinions particulieres qui ne font faute, est celle qui range
dans les inventions des coups d'Etat la venue de la Pucelle d'Orleans,
"laquelle, ajoute Naude en passant, ne fut brulee qu'en effigie." Il ne
daigne pas s'expliquer davantage. Guy Patin va plus loin et nous dit
que, loin d'etre brulee, elle se maria et eut des enfants [241]. Naude se
complaisait un peu a ces sortes d'opinions paradoxales, et il admettait
tres-aisement la mystification du vulgaire en histoire. Il aurait cru
volontiers au mariage secret de Bossuet comme il croyait au brulement
postiche de la Pucelle. C'est la un faible dans cet esprit si sain. A
force de chercher finesse, on s'abuse aussi.
[Note 241: Voir sur cette version le Mercure galant de novembre 1683.]
"Qui peut savoir et dire ce qu'arrive a penser sur toute question
fondamentale un homme de quarante ans, prudent, et qui vit dans un
siecle et dans une societe ou tout fait une loi de cette prudence?"
Naude n'oubliait jamais cette pensee en lisant l'histoire; il en faisait
surtout l'application aux grands esprits cultives depuis la renaissance
des lettres, et ce qu'il avait en Italie sous les yeux l'y confirmait.
Dans cette familiarite du cardinal de Bagni et des Barberins, il dut
etre de ceux qui trouvent, apres tout, que c'eut ete un bel ideal
que d'etre cardinal romain dans le vrai temps. Lui qui n'etait pas
philosophe ni protestant a demi, il jugeait qu'il y avait plus de place
encore pour des opinions quelconques sous la noble pourpre flottante
de ses patrons que sous l'habit noir serre du m
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