le jour meme de la fete, la
Fronde eclata [248]. Ainsi vont les projets humains sous l'oeil d'en haut
ou sous le je ne sais quoi qui les dejoue. L'inscription en resta la, et
le public aussi. A la seconde Fronde, ce fut bien autre chose, et, le 29
decembre 165l, le parlement rendit l'arret de vandalisme qui ordonnait
la vente de la _bibliotheque_ et des meubles du cardinal. Mais
n'anticipons pas. Quand Naude vit la Fronde, il put etre afflige, il
n'en fut point surpris. Il avait de longue main, dans ses _Rose-Croix_,
compte sur la badauderie des Francais; dans ses _Coups d'Etat_, s'il
nous en souvient (chap. iv), il avait peint la populace en traits
energiques et meprisants, que l'emeute presente semblait faite expres
pour verifier. Si tout s'etait borne a cette premiere Fronde, il y
aurait eu plutot encore de quoi s'en gaudir entre amis.
[Note 243: Une lettre de lui a Peiresc, du 20 juillet 1634
(_Correspondance de Peiresc_, tome X, manuscrits de la Bibliotheque du
Roi), nous trahit le secret de toutes les demarches, sollicitations et
suppliques trop peu dignes auxquelles la necessite et la peur de manquer
poussaient Naude en terre etrangere: il subit l'air du pays.]
[Note 244: Page 254.]
[Note 245: Une sorte de publicite existait des les annees precedentes:
la bibliotheque s'ouvrait tous les jeudis aux savants qui se
presentaient: il y en avait quelquefois de quatre-vingts a cent qui y
etudiaient ensemble (_Mscurat_, page 244).--Voir aussi, dans les Lettres
latines de Roland Des Marels, la 31e du livre II; il y remercie Naude en
souvenir de quelque seance.]
[Note 246: _Lettres choisies_ de Guy Palin, tome I, page 35.]
[Note 247: Autre temoignage: "Naude etoit d'une vie sobre et chaste;
il eut aversion de tout temps pour les assaisonnements de viandes et
les recherches de table; en fait de fruits, il ne mangeoit que des
chataignes et des noisettes. Il etoit de taille elevee, de corps allegre
et dispos." (Voir l'Eloge latin de Naude, par Pierre Halle.)]
[Note 248: Les barricades sont, precisement de la meme date que la
lettre de Guy Patin jour pour jour, 27 aout.]
L'intervalle des deux Frondes fut un assez bon temps pour Naude; il y
composa (1649) son ouvrage le plus interessant, le plus original et le
plus durable: _Jugement de tout ce qui a ete imprime contre le cardinal
Mazarin, depuis le sixieme janvier jusques a la Declaration du premier
avril mil six cens quarante-neuf_, ou plus brievement le _Mascur
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