_, dont les paroles, dit Mascurat (page 345), sont
_tres-belles et bonnes_, quoique la doctrine en soit fort mauvaise,
Saint-Ange se recrie, et Mascurat repond entre autres choses: "... Joint
aussi qu'il est hors le pouvoir d'un homme, tant habile qu'il soit, de
connoitre quelle est la religion des Turcs, soit pour la foi ou les
ceremonies, par la seule lecture de l'_Alcoran_; tout de meme, SANS
COMPARAISON TOUTEFOIS, qu'un homme qui n'auroit lu que le _Nouveau
Testament_, ne pourroit jamais connoitre le detail de la religion
catholique, vu qu'elle consiste en diverses regles, ceremonies,
etablissements, institutions, traditions et autres choses semblables que
les papes et les conciles ont etablies de temps en temps, et _pieces
apres autres_, conformement a la doctrine contenue _implicite_ ou
_explicite_ dans ledit livre." On a le venin.
J'aime mieux citer une belle page philosophique, et meme religieuse a la
bien prendre, qui rentre dans une pensee souvent exprimee par lui. Il
s'agit de je ne sais quel conseil (page 229) dont Saint-Ange croit que
les politiques d'alors pourraient tirer grand profit; Mascurat repond:
"Quand ils le feroient, Saint-Ange, ils ne reussiroient pas mieux au
gouvernement des Etats et empires que les plus doctes medecins font a
celui des malades; car il faut necessairement que les uns et les autres
prennent fin, tantot d'une facon et tantot de l'autre: _Quotidie aliquid
in tam magno orbe mutatur, nova urbium fundamenta jaciuntur, nova
gentium nomina, extinctis nominibus prioribus aut in accessionem
validioris conversis, oriuntur_ (chaque jour quelque changement s'opere
en ce vaste univers; on jette les fondations de villes nouvelles; de
nouvelles nations s'elevent sur la ruine des anciennes dont le nom
s'eteint ou va se perdre dans la gloire d'un Etat plus puissant). Je ne
dis pas toutefois qu'un peu de regime ne fasse grand bien, et que tant
de livres qu'ecrivent tous les jours les medecins _de vita proroganda_
soient inutiles; mais aussi en faut-il demeurer dans leurs termes, et ne
pas attendre des remedes l'eternite que Dieu seul s'est reservee."--Et
dans les _Coups d'Etat_ (chap. IV) il avait dit: "Il ne faut donc pas
croupir dans l'erreur de ces foibles esprits qui s'imaginent que Rome
sera toujours le siege des saints Peres, et Paris celui des rois de
France." Je trouve que, de nos jours, les sages eux-memes ne sont pas
assez persuades que de tels changements restent toujours possibles, e
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