e le moment ou ses partisans detrompes se jetteront
dans nos bras, ouverts bientot depuis trois siecles." Tout ce passage
est d'un bel accent.
[Note 203: Paragraphe XXII.]
Particulierement lie a Lausanne et a Geneve avec beaucoup
d'_heretiques_, il sut cultiver et garder jusqu'a la fin leur amitie. Un
jour qu'il avait parle avec beaucoup de feu contre les premiers fauteurs
de la Revolution, Mme Huber (de Geneve) lui dit: "Oh! mon cher comte,
promettez-moi qu'avec votre plume si aceree vous n'ecrirez jamais contre
M. Necker personnellement." Elle etait un peu cousine de M. Necker. Il
promit. A quelque temps de la, vers 1819, a l'occasion, je crois, du
congres de Carlsbad ou d'Aix-la-Chapelle, parut une brochure de l'abbe
de Pradt ou M. Necker etait maltraite. On crut un moment que M. de
Maistre en etait l'auteur. Quelqu'un le dit a Mme Huber: "Eh bien! votre
comte de Maistre, il vous a bien tenu parole...."Elle repondit: "Je n'ai
pas lu le livre ni ne le lirai; mais si M. Necker y est attaque, il
n'est pas du comte de Maistre, car il n'a en tout que sa parole." Belle
certitude morale en amitie, de la part d'un de ces _chers ennemis!_
M. de Maistre, me dit-on encore, etait a certains egards un homme
inconsequent: il se plaisait a tout, a toute lecture, au trait
qui l'attirait. On raconte que Sieyes et M. de Tracy lisaient
perpetuellement Voltaire; quand la lecture etait finie, ils
recommencaient; ils disaient l'un et l'autre que tous les principaux
resultats etaient la. M. de Maistre, sans le lire sans doute ainsi par
edification, l'ouvrait souvent aussi et par divertissement, pour se
mettre en humeur. Telle femme de ses amies n'a connu beaucoup de
Voltaire que par lui. Mais c'etait a son imagination qu'il accordait ce
plaisir, sans jamais laisser entamer l'idee ni la foi. Excursion faite,
la conclusion rigoureuse revenait toujours.
Sous ce dernier aspect, on peut le donner comme le plus consequent des
hommes, celui de tous chez qui la foi, l'idee acceptee et crue, etait
le plus devenue la substance et faisait le plus veritablement loi. A
quelque point de la circonference qu'on le prit, sur toutes les parties
et dans tous les points de son etre et de sa vie, sa foi entiere etait a
l'instant presente, s'assimilant tout du vrai, et en chaque doctrine qui
se presentait, martinisme ou autre, separant le faux comme a l'aide d'un
centre discernant et d'un foyer epurateur; _discrimen acre_. Ici point
de concessions, de d
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