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petits panegyriques, l'antiquite de l'Ecole de medecine de Paris. On fut
si content de sa harangue en beau latin fleuri, plus que ciceronien et
panache de vers latins en guise de peroraison, qu'on l'admit tout d'une
voix a compter lui-meme parmi les candidats a la licence, de laquelle il
s'etait trouve exclu par son voyage d'Italie. Peu apres, Pierre Du Puy,
qui l'estimait fort, parla de lui au cardinal de Bagni, ancien nonce
en France, qui avait besoin d'un bibliothecaire et secretaire. Naude
s'attacha a ce cardinal, et le suivit en Italie a la fin de 1630 ou au
commencement de 1631; il y resta onze annees pleines, n'etant revenu a
Paris qu'en mars 1642, pour y etre bibliothecaire de Richelieu, puis
de Mazarin. Les cardinaux et les bibliotheques, ce furent la, comme on
voit, le constant abri et comme le gite de Naude.
Ces onze ou douze annees d'Italie et de Rome durent avoir grande
influence sur lui et sur ses habitudes d'esprit; mais on peut dire qu'il
y etait bien prepare par la nature. Il suffira pour cela de parcourir
quelques-uns des ecrits qu'il publia anterieurement. Avant de les lire
et de les citer, une remarque pourtant, une precaution est necessaire.
Pour Naude qui debute vers 1623, et qui s'en va passer hors de France de
longues annees, Malherbe ni Balzac ne sont guere jamais venus. Il ecrit
en francais, sauf l'esprit et le sens, comme le Pere Garassus ou comme
le Pere Petau, quand ce dernier s'en mele. Naude y ajoutait des traits
de plume a la Mlle Gournay, meme des fleurettes parfois a la Camus pour
le joli des citations. Camus, Mlle Gournay, Garassus et Petau, ce sont
ses vrais contemporains en style francais (si francais il y a). S'il
appelle Montaigne _le Seneque de la France_, il n'en profite guere que
pour s'accorder les citations latines a son exemple. Il prise Charron
plus qu'il ne l'imite en ecrivant. En fait de poetes modernes, il les
ignore. Il parle de la _Pleiade_ comme etant venue _depuis peu_, et Du
Hartas, le grand encyclopedique, parait seul lui avoir ete tres-present;
il le met dans son projet de Bibliotheque en tiers avec le Tasse et
l'Arioste aupres d'Homere et de Virgile. Guillaume Colletet, ce rimeur
ne suranne, est son seul poete moderne contemporain.
Dans une lettre de Rome, _Janus Erythreus_, c'est-a-dire Rossi,
parlant d'un dernier voyage qu'y fit Naude en 1643, pendant lequel
le bibliothecaire infatigable achetait des livres a la toise pour le
cardinal Mazarin et vidait
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