auparavant, c'est-a-dire grand-maitre des
ceremonies. La seconde Restauration se vengea avec durete, et durant
trois annees M. de Segur, depouille de ses dignites, de ses pensions, de
son siege a la Chambre des pairs, dut recourir de nouveau a sa plume
qui ne lui fit point defaut. C'est alors qu'il composa son _Histoire
universelle_, simple, nette, instructive, anterieure a bien des systemes
et a bon droit estimee. Dans une _Lettre a mes enfants et a mes
petits-enfants_, placee en tete du manuscrit de cette Histoire tout
entier ecrit de la main de madame de Segur, on lit ces paroles
touchantes:
[Note 178: On peut voir dans les _Memoires_ l'anecdote du bal de
l'Opera.]
Paris, ce 1er decembre 1817.
"Je n'ai pas de fortune a vous leguer; celle que je tenais de mes peres
m'a ete enlevee par la Revolution, et j'ai ete prive par le Gouvernement
royal de presque toute celle que je devais a mes travaux et aux services
rendus a ma patrie...
"Je vous legue ce manuscrit: il est tel que je l'ai dicte du premier
jet, sans ponctuation, sans corrections; le public a l'ouvrage tel que
je l'ai corrige; mais j'ai voulu deposer dans vos mains ce manuscrit
comme je l'ai dicte, et je desire que l'aine de ma famille le conserve
toujours religieusement.
"C'est un legs precieux, honorable, sacre... J'avais perdu par une
goutte sereine un oeil dans la guerre d'Amerique; de longs travaux
avaient affaibli l'autre; les medecins me menacaient de le perdre, si je
l'exercais trop. Cependant la ruine de ma fortune me rendait le travail
indispensable; je me decidai a ecrire cet ouvrage; et, pour me conserver
la vue, ma femme, votre tendre et vertueuse mere,... elevee dans toutes
les delicatesses du grand monde, agee de soixante ans, presque toujours
souffrante,... me servant de secretaire avec une constance et une
patience inimitables, a ecrit de sa main, d'abord toutes les notes qui
m'ont servi a rediger, et ensuite tout ce livre: ainsi toute cette
_Histoire universelle_ a ete tracee par sa main..."
Cette _Histoire universelle_ qui aboutissait a la fin du Bas-Empire
avait pour suite naturelle une _Histoire de France_, et M. de Segur
se decida a l'entreprendre: il l'a poussee jusqu'au regne de Louis XI
inclusivement. En louant les qualites saines de jugement, de composition
et de diction qui ne cessent de recommander ce long et utile travail,
nous n'essayerons pas de le discuter par comparaison avec tant d'autres
plus modernes qui ont
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