disant _citoyen_ au lieu de
_mes freres_ ou _mon cher auditeur_, je me dis d'abord en moi-meme:
_Cet homme est schismatique_.
"En effet, quelle apparence que le bon Dieu n'ait fait la religion que
pour les esprits pointus, et qu'il n'y ait pas quelque maniere facile de
connaitre ce qui est faux? Quand il viendra quelque grivois d'_apotre_
vous precher un _Credo_ de sa facon, au lieu de s'embarquer dans de
grands alibi-forains qui font tourner la tete, vous n'avez, qu'a le
regarder bien attentivement; je veux ne moissonner de ma vie si vous ne
decouvrez pas sur sa personne quelque chose d'heretique, ne fut-ce qu'un
bouton de veste.
"Mais, baste! la C. N. se moque de l'Eglise constitutionnelle, ce n'est
pas l'embarras; le mal est qu'elle deteste la notre et qu'elle n'en
veut point. Ainsi c'est a vous de voir si vous voulez vous trouver sans
religion.
"La liberte du culte qu'on vous a promise depuis quelque temps, n'est
qu'une farce. Si vous etes catholiques, essayez un peu de jeter a la
poste une lettre adressee _a Sa Saintete, le Pape, a Rome_, vous verrez
si elle arrivera.
"C'est cependant drole qu'un catholique ne puisse pas ecrire au Pape!
"Et vos eveques, ou sont-ils? et vos pretres, pourquoi ne vous les
rend-on pas? Est-ce agir rondement de promettre une Eglise catholique,
et de bannir les pretres catholiques?--Mais, dira-t-on, nous en avons en
Savoie.--Oui, ils y sont a leurs perils et risques. On les a calomnies,
insultes, emprisonnes, fusilles. On recommencera demain, aujourd'hui,
quand on voudra. On n'a point revoque la loi qui les deporte ni celle
qui confisque leurs biens, apres une loi solennelle qui leur permettait
de les administrer par procureur.
"Ne vous laissez donc pas tromper: la rancune contre notre religion est
toujours la meme, et, si l'on a fait quelque chose en sa faveur, ce
n'est pas par amitie, ce n'est pas par justice, c'est par crainte. Les
gens de l'_ouest_[195] n'ont pas voulu demordre, il a bien fallu accorder
quelque chose, mais c'est bien a contre-coeur et de mauvaise grace.
[Note 195: Les Bretons, les Vendeens.]
"Boissy-d'Anglas est, a ce qu'on dit, un des bons enfants de
l'Assemblee; je ne crois pas qu'il aime a tourmenter son prochain.
Cependant, quand il fit son rapport sur la liberte du culte, au nom des
trois comites, il dit tout net que les interets de la religion etaient
_des chimeres_. Il ajouta: "Je ne veux point decider s'il faut une
religion aux hommes...,
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