vant du futur premier ministre,
_Jeanne Gray_ a la main, et tous deux s'electriserent en faveur de la
democratie; mais bientot le merite du comte fut apprecie a sa valeur, et
il fut trop heureux d'obtenir d'etre ministre a Berlin. Traite avec le
plus grand mepris dans cette Cour, et prive de l'espoir de jouer un role
a Paris, la mort lui parut etre sa seule ressource; mais il porta sur
lui une main mal assuree; le courage manqua a ce nouveau Caton, pour
achever... L'amour de la vie prevalut, un chirurgien fut appele, et le
comte prouva qu'il ne savait ni vivre ni mourir." Quand on a eu affaire
dans sa vie a des haines aussi cruelles et aussi envenimees que cette
page en fait supposer, on a quelque merite a n'avoir jamais pratique
qu'indulgence et bienveillance, comme l'a fait M. de Segur.]
Les evenements se precipitaient; M. de Segur et les siens demeurerent
attaches au sol de la la France lorsqu'il n'etait deja plus qu'une arene
embrasee. Son pere le marechal fut incarcere a la Force, et lui detenu
avec sa famille dans une maison de campagne a Chatenay, celle meme ou
l'on dit qu'est ne Voltaire. Le volume intitule _Recueil de Famille_
nous le montre, en ces annees de ruine, plein de serenite et de
philosophie, adonne aux vertus domestiques, egayant, des que le grand
moment de Terreur fut passe, les tristesses et les miseres des etres
cheris qui l'entouraient. Son esprit n'avait jamais plus de vivacite que
quand il servait son coeur. Chaque evenement, chaque anniversaire de
cette vie interieure etait celebre par de petites comedies, par des
vaudevilles qu'on jouait entre soi, par de gais ou tendres couplets
qui parfois circulaient au dela: quelques personnes de cette societe
renaissante se rappellent encore la chanson qui a pour titre: _les
Amours de Laure_. En meme temps, des qu'il le put, M. de Segur reprit
son role de temoin attentif aux choses publiques; de Chatenay il
accourait souvent a Paris; il voyait beaucoup Boissy-d'Anglas et les
hommes politiques de cette nuance. S'il ne fut point lui-meme a
cette epoque membre des assemblees instituees sous le regime de la
Constitution de l'an III, s'il n'eut point l'honneur de compter parmi
ceux qui, comme les Simeon, les Portalis, lutterent regulierement pour
la cause de l'ordre, de la moderation et des lois, et qui, eux aussi,
suivant une expression memorable, faisaient alors au civil leur
_Campagne d'Italie_[176], il la fit au dehors du moins et comme en
volontaire dan
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