on luth.
Mais a la cheville
Ta main pend encor
Serpette el faucille,
Rustique tresor.
O Dijon, la fille
Des glorieux ducs,
Qui portes bequille
Dans tes ans caducs,
Ca, vite une aiguille,
Et de ta maison
Qu'un vert pampre habille,
Recouds le blason!
]
En repondant a la precedente ballade du _Pelerin_ et en parlant aussi
des autres morceaux inseres dans le _Provincial_, Victor Hugo lui avait
ecrit qu'il possedait au plus haut point les secrets de la forme et de
la facture, et que _notre Emile Deschamps lui-meme_, le maitre d'alors
en ces gentillesses, _s'avouerait egale_. Par malheur Bertrand ne
composa pas a ce moment assez de vers de la meme couleur et de la meme
saison pour les reunir en volume; mecontent de lui et difficile,
il retouchait perpetuellement ceux de la veille; il se creait plus
d'entraves peut-etre que la poesie rimee n'en peut supporter. Doue de
haut caprice plutot qu'epanche en tendresse, au lieu d'ouvrir sa veine,
il distillait de rares stances dont la couleur ensuite l'inquietait.
Voici pourtant une charmante piece naturelle et simple, ou s'exprime
avec vague le seul genre de sentiment tendre, et bien fantastique
encore, que le discret poete ait laisse percer dans ses chants:
LA JEUNE FILLE.
Est-ce votre amour que tous regrettez? Ma fille, il faudrait autant
pleurer un songe."
(ATALA).
Reveuse et dont la main balance
Un vert et flexible rameau,
D'ou vient qu'elle pleure en silence,
La jeune fille du hameau?
Autour de son front je m'etonne
De ne plus voir ses myrtes frais;
Sont-ils tombes aux jours d'automne
Avec les feuilles des forets?
Tes compagnes sur la colline
T'ont vue hier seule a genoux,
O toi qui n'es point orpheline
Et qui ne priais pas pour nous!
Archange, o sainte messagere,
Pourquoi tes pleurs silencieux?
Est-ce que la brise legere
Ne veut pas t'enlever aux cieux?
Ils coulent avec tant de grace,
Qu'on ne sait, malgre ta paleur,
S'ils laissent une amere trace,
Si c'est la joie ou la douleur.
Quand tu reprendras solitaire
Ton doux vol, soeur d'Alaciel,
Dis-moi, la clef de ce mystere,
L'emporteras-tu dans le ciel?
30 septembre 1828.
Sans pretendre sonder, a mon tour, le secret de cette destinee de poete
et mettre la main sur la clef fuyante de son coeur, il me semble, a
voir jusqu'a la fin sa solitaire imagination se devorer comme une lampe
nocturne e
|