28, contenait, de
lui, une petite chronique de l'an 1304, intitulee _Jacques-les-Andelys_,
et depuis lors presque dans chaque numero, jusqu'a la fin de septembre,
epoque de la suspension du journal, il y insera quelque chose.]
--Comte, en qui j'espere,
Soient, au nom du Pere
Et du Fils,
Par tes vaillants roitres
Les felons et traitres
Deconfits!
J'entends un vieux garde,
Qui de loin regarde
Fuir l'eclair,
Qui chante et s'abrite,
Seul en sa guerite,
Contre l'air.
Je vois l'ombre naitre,
Pres de la fenetre
Du manoir,
De dame en cornette
Devant l'epinette
De bois noir.
Et moi, barbe blanche,
Un pied sur la planche
Du vieux pont,
J'ecoute, et personne
A mon cor qui sonne
Ne repond.
--Comte, en qui j'espere,
Soient, au nom du Pere, etc.
Voila des rimes et un rhythme qui, ce semble, suffiraient a dater la
piece a defaut d'autre indication. C'etait le moment de la ballade du
_roi Jean_ et de la ballade _a la Lune_, le lendemain de _la Ronde du
Sabbat_ et la veille des _Djinns_. L'espiegle _Trilby_ faisait des
siennes, et Hoffmann aussi allait operer. Bertrand, dans sa fantaisie
melancolique et nocturne, etait fort atteint de ces diableries; on peut
dire qu'entre tous il etait et resta feru du lutin, cette fine muse:
_Quem tu Melpomene semel...._
Son role eut ete, si ses vers avaient su se rassembler et se publier
alors, de reproduire avec un art acheve, et meme superstitieux, de jolis
ou grotesques sujets du Moyen-Age finissant, de nous rendre quelques-uns
de ces joyaux, j'imagine, comme les Suisses en trouverent a Morat dans
le butin de Charles le Temeraire[165]. Bertrand me fait l'effet d'un
orfevre ou d'un bijoutier de la Renaissance; un peu d'alchimie par
surcroit s'y serait mele, et, a de certains signes et procedes, Nicolas
Flamel aurait reconnu son eleve.
[Note 165: Je n'en yeux pour temoin que ce chapelet de menus couplets
defiles grain a grain en l'honneur de la defunte cite chevaleresque:
DIJON.
O Dijon, la Tille
Des glorieux ducs,
Qui portes bequille
Dans tes ans caducs!
Jeunette et gentille,
Tu bus tour a tour
Au pot du soudrille
Et du troubadour.
A la brusquembille
Tu jouas jadis
Mule, bride, etrille,
Et tu les perdis.
La grise bastille
Aux gris tiercelets
Troua ta mantille
De trente boulets.
Le reitre qui pille
Nippes au bahut,
Nonnes sous leur grille,
Te cassa t
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