Enfin je suis loin des orages!
Les Dieux ont pitie de mon sort!
O mer, si jamais tu m'engages
A fuir les delices du port,
Que les tempetes conjurees,
Que les flots et les ouragans
Me livrent encore aux brigands,
Desolateurs de nos contrees!
Quel fol espoir trompait mes voeux
Dans cette course vagabonde!
Le bonheur ne court pas le monde;
Il faut vivre ou l'on est heureux.
Je reviens de mes longs voyages
Charge d'ennuis et de regrets,
Fatigue de mes gouts volages,
Vide des biens que j'esperais.
Dieux des champs! Dieux de l'innocence!
Le temps me ramene a vos pieds;
J'ai revu le ciel de la France,
Et tous mes maux sont oublies.
Ainsi le pigeon voyageur,
Demi-mort et trainant son aile,
Revient, blesse par le chasseur,
Au toit de son ami fidele.
Devais-je au gre de mes desirs
Quitter ces retraites profondes?
Avec un luth et des loisirs
Qu'allais-je faire sur les ondes?
Qu'ai je vu sous de nouveaux cieux?
La soif de l'or qui se deplace,
Les crimes souillant la surface
De quelques marais desastreux.
Souvent les Nymphes pastorales
Me l'avaient dit dans leur courroux:
"Aux regions des Cannibales
"Que vas-tu chercher loin de nous?..."
Combien de fois dans ma pensee
J'ai dit, les yeux baignes de pleurs:
Ne verrai-je plus les couleurs
Du dieu qui repand la rosee?
Les voila, ces jonquilles d'or,
Ces violettes parfumees!
Jacinthes que j'ai tant aimees,
Enfin je vous respire encor!
Quelle touchante melodie!
C'est Philomele que j'entends.
Que ses airs, oublies longtemps,
Flattent mon oreille attendrie!
J'ai vu le monde et ses miseres;
Je suis las de les parcourir.
C'est dans ces ombres tutelaires,
C'est ici que je veux mourir!
Je graverai sur quelque hetre:
Adieu fortune, adieu projets!
Adieu rocher qui m'as vu naitre!
Je renonce a vous pour jamais.
Que je puisse cacher ma vie
Sous les feuilles d'un arbrisseau,
Comme le frele vermisseau
Qu'enferme une lige fleurie!
Amours, Plaisirs, troupe celeste,
Ne pourrai-je vous attirer,
Et le dernier bien qui me reste
Est-il la douceur de pleurer?
Mais, helas! le temps qui m'entraine
Va tout changer autour de moi:
Deja mon coeur que rien n'enchaine
Ne sent que tristesse et qu'effroi...
Ce bois meme avec tous ses charmes,
Je dois peut-etre l'oublier;
Et le temps que j'ai beau prier
Me r
|