ierent que par un contre-coup assez eloigne de
ce moment: au sortir du 9 thermidor, il parait avoir cru encore aux
ressources du gouvernement par (ou avec) le grand nombre: il ecrivait a
Fontanes, qui, cache durant quelques mois, reparaissait au grand jour:
"Je vous vois ou vous etes avec grand plaisir. Le temps permet aux
gens de bien de vivre partout ou ils veulent. La terre et le ciel sont
changes. Heureux ceux qui, toujours les memes, sont sortis purs de tant
de crimes et sains de tant d'affreux perils! Vive a jamais la liberte!"
Noble soupir de delivrance qui s'exhale d'une poitrine genereuse
longtemps oppressee! Le chapitre si remarquable de ses _Pensees_,
intitule _Politique_, nous le montre revenu a l'autre pole, c'est-a-dire
a l'ecole monarchique, a l'ecole de ceux qu'il appelle les sages:
"Liberte! liberte! s'ecriait-il alors comme pour reprimander son premier
cri; en toutes choses point de liberte; mais en toutes choses justice,
et ce sera assez de liberte." Il disait: "Un des plus surs moyens de
tuer un arbre est de le dechausser et d'en faire voir les racines. Il en
est de meme des institutions; celles qu'on veut conserver, il ne faut
pas trop en desenterrer l'origine. Tout commencement est petit" Je dirai
encore cette magnifique pensee qui, dans son anachronisme, ressemble
a quelque _post-scriptum_ retrouve d'un traite de Platon ou a quelque
sentence _doree_ de Pythagore: "La multitude aime la multitude ou la
pluralite dans le gouvernement. Les sages y aiment l'unite.
"Mais, pour plaire aux sages et pour avoir la perfection, il faut que
l'unite ait pour limites celles de sa juste etendue, que ses limites
viennent d'elle; ils la veulent eminente pleine, semblable a un disque
et non pas semblable a un point."
En songeant a ses erreurs, a ce qu'il croyait tel, il ne s'irritait pas;
sa bienveillance pour l'humanite n'avait pas souffert: "Philanthropie et
repentir, c'est ma devise."
Trompe par une ressemblance de nom, nous avons d'abord cru et dit que,
comme administrateur du departement de la Seine, il contribua a la
formation des _Ecoles centrales_; nous avions sous les yeux un discours
qu'un M. Joubert prononca a une rentree solennelle de ces ecoles en l'an
V: ce n'etait pas le notre. La seule fonction publique de M. Joubert
durant la Revolution consista a etre juge de paix a Monugnac ou ses
compatriotes l'avaient rappele; il y resta deux ans, de 90 a 92; puis il
revint a Paris et se maria. Nous le suiv
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