oi.
Rien ne peut me faire plus de bien; outre que je venais de lui dire que
j'avais pour vous, et tout a fait ces sentiments-la, je sens en vous
un appui sincere et devoue pour ceux qui souffrent de l'affreuse
interpretation donnee, par certains agents, aux intentions du pouvoir.
J'espere que vous pourrez obtenir la reparation de bien des erreurs, de
bien des injustices, et je sais que vous le voulez. Ah! mon Dieu, comme
il y a peu d'entrailles aujourd'hui! Vous en avez, vous, et vous en
donnerez a ceux qui en manquent!
Vous etes venu aujourd'hui pendant que j'etais chez M. d'Orsay; il m'a
annonce votre visite, je suis vite revenue chez moi, il etait trop tard.
Vous aviez fait esperer que vous reviendriez a six heures, mais vous
n'avez pu revenir. J'en suis doublement desolee, et pour moi, et pour
mes pauvres prisonniers de l'Indre, que je voudrais tant vous faire
sauver. M. d'Orsay m'a dit que vous le pouviez, que vous aviez de
l'autorite sur M. de Persigny. Je dois dire que M. de Persigny a ete
fort bon pour moi, et m'a offert des graces particulieres pour ceux de
mes amis que je voudrais lui nommer. M. le president m'avait dit la meme
chose. Mes amis m'avaient tellement defendu de les nommer, que j'ai du
refuser les bontes de M. le president.
M. de Persigny, avec qui je pouvais me mettre plus a l'aise, ayant
insiste, et me faisant ecrire aujourd'hui pour ce fait, je crois
pouvoir, sans compromettre personne, accepter sa bonne volonte comme
personnelle a moi.
Si cela est humiliant pour quelqu'un, c'est donc pour moi seule, et
j'accepte l'_humiliation_ sans faux orgueil, voire avec un sentiment de
gratitude sincere, sans lequel il me semble que je serais deloyale. J'ai
donc ecrit plusieurs noms, et je compte sur l'effet des promesses; mais
mon but eut ete d'obtenir pleine amnistie pour tous les detenus et
prevenus du departement de l'Indre[1]; c'est d'autant plus facile qu'il
n'y a eu aucun fait d'insurrection, que toutes les arrestations sont
preventives et qu'aucune condamnation n'a encore ete prononcee. Il ne
s'agit donc que d'ouvrir les prisons, conformement a la circulaire
ministerielle, a tous ceux qui sont peu compromis, et que de faire
rendre un arret de non-lieu, ou suspendre toute poursuite contre ceux
qui sont un peu plus soupconnes. Un mot du ministre au prefet en
deciderait.
Les tribunaux, s'ils sont saisis de ces affaires, ce que j'ignore, sont
d'aveugles esclaves.
M. de Persigny ne pouvai
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