rgeoises orleanistes.
Quand, par exception, le materialisme a ete preche par de pretendus
socialistes, il n'a produit que peu d'effet, et ce n'est pas la faute du
socialisme s'il a servi de pretexte a des doctrines contraires, pas plus
que ce n'est sa faute s'il sert de pretexte aujourd'hui a nos bourreaux
pour nous deporter et nous traiter en forcats refractaires. Il y aurait,
de la part des partisans du _National_, une grande lachete a lui
reprocher les malheurs communs. Le socialisme n'aurait-il pas le droit
de faire le meme reproche a ceux qui ont donne aux moeurs publiques
l'exemple de la mitraillade dans les rues et de la dictature? S'il le
fait, il est assez pardonnable de le faire; car il est provoque sur tous
les tons et par tous les partis depuis dix ans avec une rage qui n'a pas
de nom.
Il est le bouc emissaire de tous les desastres, la victime de toutes les
batailles, et je ne peux pas imaginer que vous arriviez, vous, le saint
de l'Italie, pour lui jeter la derniere pierre et lui crier: "C'est toi
qui es le coupable, c'est toi qui es le maudit!"
Pour moi, mon ami, ce que vous faites la est mal. Je n'y comprends rien.
Je crois rever, en voyant cette dissidence de moyens que je connaissais
bien, mais que j'admettais comme on doit admettre toute liberte de
conscience, aboutir a une colere, a une rupture, a une accusation
publique, a un anatheme. On vous a repondu cruellement, brutalement,
injustement, ignominieusement? Cela prouve que cette generation est
mauvaise et que les meilleurs ne valent rien; mais, vous qui etes parmi
les meilleurs, n'etes-vous pas coupable aussi, tres coupable d'avoir
souleve ces mauvaises, passions et provoque ce debordement d'amertume et
d'orgueil blesse?
Si j'avais ete a Londres ou a Bruxelles alors que votre attaque a paru,
et qu'on ne m'eut pas prevenue par une reponse injurieuse qui me ferme
la bouche, j'aurais repondu, moi. Sans egard pour l'exception trop
flatteuse que vous faites en me nommant, j'aurais pris ouvertement
contre vous le parti du socialisme. Je l'eusse fait avec douceur, avec
tendresse, avec respect; car aucun tort des grands et bons serviteurs
comme vous ne doit faire oublier leurs magnanimes services. Mais je vous
aurais humblement persuade de retracter cette erreur de votre esprit,
cet egarement de votre ame; et vous etes si grand, que vous l'auriez
fait, si j'avais reussi a vous prouver que vous vous trompiez.
Comme ecrit, votre article a le merite
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