s'ennuyer a Chateauroux ou s'embarquer pour Nohant
dans une guimbarde berrichonne par le joli temps qu'il fait.
Ce sera pour le 30 juin, le 1er ou le 2 juillet, et il faudra partir de
Paris par le convoi de neuf ou dix heures du matin. Je vous dirai
cela d'une maniere plus precise; mais prevenez-la. Si elle a
quelques chiffons a l'usage d'une gentille villageoise tres simple,
faites-les-lui apporter; sinon, nous la costumerons ici. Dites-lui
d'avance toutes mes amities. Qu'elle sache aussi que je suis liee
d'amitie avec M. Vaez, que j'attends lui-meme un de ces jours.
Remerciez pour moi les jeunes gens qui ont bien voulu repondre a l'appel
de Maurice; nous comptons sur eux. Quand pouvez-vous etre de la partie?
ce sera pour une autre annee, j'espere.
A vous de coeur
G. SAND.
CCCLXVI
A MAURICE SAND, A PARIS
Nohant, 25 septembre 1853.
Cher vieux,
Le jour de notre arrivee, il a passe sur la route un _pifferaro_
napolitain, que j'ai happe bien vite; ce n'etait pas un fameux _maitre
sonneur_; mais sa musette est bien autrement belle de sons que les
notres, et il jouait des airs qui avaient beaucoup de caractere. Il y
avait avec lui deux musiciens de Venise sans aucune couleur locale, et
un jeune homme qui dansait tres joliment, tres serieusement, et les yeux
baisses, des _cachuchitas_ et des _jotas_, d'une maniere si pareille
aux paysans maiorquins, et il en avait si bien les airs et le type, que
j'aurais jure que c'en etait un. Il m'a dit qu'il etait de Tolede et
qu'il dansait a la maniere des gens de son pays. Alors c'est absolument
la meme chose qu'a Maiorque.
Je ne crois pas du tout qu'on ait joue _Nello_ a Bruxelles. Tout au
contraire, Hetzel le retire parce qu'on n'a pas maintenu les acteurs
qu'on lui avait promis.
Ne reste pas trop longtemps, mon Bouli; je t'embrasse comme je t'aime.
Tes petits camarades t'embrassent aussi.
CCCXLVII
A MADAME AUGUSTINE DE BERTHOLDI, A VARSOVIE
Nohant, 28. octobre 1S53.
Ma chere mignonne, je suis bien contente de te savoir arrivee en bonne
sante, et installee chez de si excellents parents. Embrasse mon Georget,
qui ecrit de si belles lettres et qui voyage comme un homme. Rien de
nouveau depuis ton depart. Maurice Lambert et Manceau sont toujours ici;
nous allons prendre notre volee pour Paris dans peu de jours, je pense.
Nous attendons qu'on nous dise que _Mauprat_ est pres de p
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