que toi.
Bonsoir, mon petit. Ecris-nous si tu as fait de _l'epate_ avec ton
costume. Tu ne seras pas si bien coiffe que si j'etais la. Je t'embrasse
mille fois. Tache de ne pas t'enrhumer.
Le jardinier a peur des sarcophages de pierre que j'ai fait mettre dans
le jardin. Il n'ose plus sortir le Soir!
CCCLXIV.
A M..ET MADAME ERNEST PERIGOIS, A LA CHATRE
Paris, mars 1853.
Chers enfants,
Merci encore et toujours pour toutes vos tendresses pour ma
petite-fille... Il me tarde de vous remercier, de vous embrasser, de
revoir ma Nini et de me retrouver dans mon nid tranquille; car je
m'ennuie ici a avaler trois langues, si je les avais. Tout le monde
y est _bete_ a manger de l'herbe, surtout les gens d'esprit, qui
redoublent de vide et de paradoxe pour prouver que tout est pour le
mieux.
Je fais mon possible pour sourire a toute chose en me parlant a
moi-meme, pour me consoler de ce que j'entends. Mais, il me semble que
je suis aux galeres. On sent tellement que la contradiction ne serait
qu'un jeu d'esprit et n'atteindrait pas des coeurs vides ou absents!
Quelle decadence que celles des ames, et comme l'intelligence est
stupide quand elle se met a vouloir vivre et marcher toute seule!
Aussi les arts perissent et se trainent froids devant des yeux
troubles.--Cependant la piece de Ponsard _l'Honneur et l'Argent_ a
fait vibrer encore un peu de jeunesse a l'Odeon. C'est presque de
l'opposition que d'oser mettre ces deux choses en parallele.
A bientot, chers amis; mille et mille tendresses de tous les miens pour
vous. Je vous embrasse de coeur.
GEORGE SAND.
CCCLXV
A M. SULLY-LEVY, A PARIS
Nohant, juin 1853.
Merci, merci, mon cher enfant! Vous etes la providence du theatre de
Nohant, qui vous donne plus de peine qu'il ne vaut, mais qui _vaudra_
grace a vous. Encouragez bien notre ingenue et dites-lui qu'il n'y a pas
de beaux esprits ici, mais de tres bonnes gens, sans en excepter les
_romanciers_.
Dans deux ou trois jours, je vous ecrirai pour vous dire le jour
et l'heure ou ma voiture pourra se trouver a Chateauroux; car les
diligences ne correspondent plus avec l'arrivee des convois, et je ne
peux pas disposer de mes moyens de transport pour une seule personne.
Priez donc mademoiselle Berengere d'etre bien gentille et bien exacte
au rendez-vous que nous lui donnerons; car j'ai a coeur de ne pas la
laisser attendre et
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