et que je fasse un drame dans les conditions
dont tu parles et qui, en effet, sont les bonnes.
Bonsoir, mon Bouli; je t'embrasse mille fois. Recommande bien a Giraud
et a Dagneau[2] de mettre sur l'ouvrage que l'auteur se reserve le droit
de traduction, et d'envoyer deux exemplaires a la commission dramatique.
Tu aurais du faire mettre cela au contrat, peut-etre; mais je pense
qu'ils ne le negligeront pas.
[1] Pour continuer l'illustration des oeuvres completes de George
Sand, interrompue par la mort de Tony Johannot.
[2] Ses editeurs.
CCCLVIII
A SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLEON (JEROME), A PARIS
Paris, 20 novembre
Cher prince,
Je suis desolee de ne pas vous avoir revu. Je pars en vous remerciant de
votre bonne visite d'hier, et en vous aimant toujours de tout mon coeur.
Je vous envoie la petition d'un pauvre vieux soldat de l'Empire,
autrefois soldat modele, aujourd'hui tres digne pere de famille. C'est
un paysan de mon village, et il est digne d'un veritable interet; je
serais bien heureuse de vous devoir un peu de bien-etre pour lui, si
cela est possible. Jusqu'a present, ses instances, passant par la
prefecture, qui, chez nous, comme ailleurs, ne s'occupe pas des petites
gens, ne sont pas parvenues au ministere.
Je ne veux plus rien demander qu'a vous, certaine que vous seul ne vous
lassez pas d'obliger.
Bien a vous de coeur et de confiance,
GEORGE SAND.
CCCLIX
A M. ARMAND BARBES, A DOULLENS
Nohant, 18 decembre 1852
Cher et excellent ami,
Vous voulez de mes nouvelles et demandez si je vous aime toujours.
Pouvez-vous douter de ce dernier point? Plus la destinee s'acharne a
nous separer, plus mon coeur s'attache avec respect et tendresse a vos
souffrances, et plus votre souvenir me revient cher et precieux a toute
heure.
Quant a ma sante, elle se debat entre la fatigue et la tristesse. Vous
connaissez mes causes de chagrin et le travail perpetuel qui m'est
impose, comme devoir de famille, alors meme que, comme devoir de
conscience, je suis paralysee par des causes exterieures. Mais
qu'importe notre individualite? Pourvu que nous ayons fait pour le mieux
en toute chose, et selon notre intelligence et nos forces, nous pouvons
bien attendre paisiblement la fin de nos epreuves. J'esperais que
la proclamation de l'Empire serait celle de l'amnistie generale et
complete. Il me semblait que, meme au
|