de l'eloquence accoutumee; mais
il est faible de raisonnement, faible contre votre habitude et par une
necessite fatale de votre ame, qui ne peut pas et ne sait pas se tromper
_habilement_. Il faut le deviner; car, au point de vue du fait, on ne
peut pas le comprendre. En principe, il est tout aussi socialiste que
nous. Mais il nous accuse de l'etre autrement, et c'est en cela qu'il
est injuste ou errone. Il devrait se resumer ainsi: "Republicains de
toutes les nuances, vous vous etes divises, vous avez discute au lieu de
vous entendre; vous vous etes separes au lieu de vous unir; vous vous
etes laisse surprendre au lieu de prevoir; vous n'avez pas voulu vous
battre, quand il fallait combattre a outrance."
C'est vrai: on s'est divise, on a discute trop longtemps. Il y a eu
souvent de mauvaises passions en jeu. On est devenu soupconneux,
injuste. Il y a trois ans que je le vois, que j'en souffre, que je le
dis a tout ce qui m'entoure. Apres cette division, il etait impossible
de se battre et de resister.
Ce raisonnement serait bon, excellent, utile, s'il s'adressait a toutes
les nuances du parti republicain. Si vous morigeniez tout le monde, oui,
tout le monde indistinctement, vous feriez une bonne oeuvre; si, faisant
de doux et paternels reproches aux socialistes, comme vous avez le droit
de les faire, vous leur disiez qu'ils ont mis parfois la personnalite en
tete de la doctrine, ce qui est malheureusement vrai pour plusieurs; si
vous les rappeliez a vous les bras ouverts, le coeur plein de douleur et
de fraternite, je comprendrais que vous dissiez: "Il faut dire en tout
temps la verite aux hommes."
Mais vous faites le contraire: vous accusez, vous repoussez, vous tracez
une ligne entre deux camps que vous rendez irreconciliables a jamais, et
vous n'avez pas une parole de blame pour une certaine nuance que vous ne
designez pas et que je cherche en vain; car je ne sache pas que, dans
aucune, il y ait eu absence d'injustice, de personnalite, d'ambitions
personnelles, d'appetits materialistes, de haine, d'envie, de travers et
de vices humains en un mot. Pretendriez-vous qu'il y en eut moins dans
le parti qui s'appelle Ledru-Rollin que dans tout autre parti rallie
autour d'un autre nom? Ce n'est pas a moi qu'il faudrait dire cela
serieusement. Les hommes sont partout les memes. Un parti s'est-il mieux
battu que l'autre dans ces derniers evenements? Je ne sais au nom de qui
se sont levees les bandes du Midi et du Cent
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