chaque revolution
de ce genre! Croyez que ma peine personnelle ne me rend point insensible
a la votre, et que je vous garde toujours une vive et constante
sympathie. J'etais en train de lire _Angelique Lagier_ quand les
evenements ont eclate. Depuis ce moment, il m'a ete impossible de
reprendre aucune lecture, tant j'ai ete accablee de travail et d'autres
devoirs; j'espere m'en dedommager et vous remercier mieux de l'envoi de
votre livre et de votre bon et constant souvenir.
G. SAND.
CCCLV
AU PRINCE LOUIS-NAPOLEON BONAPARTE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Nohant, 27 juin 1852.
Monseigneur,
Vous avez repondu au prince Napoleon, qui vous implorait de ma part pour
les deportes et les expulses de l'Indre, que vous m'accorderiez ce que
je vous demandais. Je viens remettre sous vos yeux la liste des graces
que vous avez daigne me promettre et que j'attends comme une nouvelle
preuve de vos bontes pour moi.
GEORGE SAND
CCCLVI
A M. ERNEST PERIGOIS, A PARIS
a Nohant, 31 aout 1852.
Cher ami, je ne peux pas etre enchantee d'une solution qui ne vous rend
pas a notre voisinage. Mais, par le temps qui court, le mieux est
_le moins pire_, comme on dit chez nous, et puis voila votre famille
rassuree par un internement, rejouissons-nous en attendant justice
complete. Tout est mieux que l'Angleterre et la Belgique en ce moment.
Laissons passer le temps et l'orage: nos peres en ont vu bien d'autres.
Travaillons, etudions, ou produisons a travers la tempete. Si le
vaisseau sombre, nous tacherons de jeter quelques souvenirs a la mer,
qui flotteront vers de meilleurs rivages. Vous avez, vous, une ressource
refusee au grand nombre, vous avez la faculte et l'amour de l'etude, qui
ne vous consoleront pas, mais qui vous soutiendront.
Je ne sais si vous serez encore a Paris quand on jouera, dans deux ou
trois jours, au Gymnase, la piece[1] que vous n'avez pu voir a Nohant.
Maurice, a qui je n'ai pu donner votre adresse, ne l'ayant point, ne
vous trouvera peut-etre pas. Allez donc le voir, rue Racine, 3; il vous
donnera des places pour aller entendre siffler peut-etre ce qu'on a
applaudi sur notre theatre. La piece n'en valait pas pas mieux ici, elle
n'en vaudra pas moins la-bas.
Adieu, cher enfant. Ecrivez-moi toujours et longuement, du lieu ou vous
serez, quand meme je ne pourrais vous repondre de meme. Amities de mes
enfants d'ici.
[1]
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