s de l'Italie livree a l'etranger, que ce que vous pouviez crier
alors comme le pape de la liberte romaine n'a plus de sens pour des
oreilles francaises, etourdies, brisees par le canon de la guerre
civile.
Ecoutez-moi, mon ami; ce que je vais vous dire est tres different de ce
que vous disent probablement mes amis a Londres et en Belgique. A coup
sur, c'est tout a fait l'expose de ce que pensent la plupart de mes amis
et connaissances politiques en France.
Nous sommes vaincus par le fait, mais nous triomphons par l'idee. "La
France est dans la boue," dites-vous? c'est possible; mais elle ne
s'arrete pas dans cette boue, elle marche, elle en sortira. Il n'y a
pas le chemin sans boue, comme il n'y en a pas sans rochers et sans
precipices. La France a conquis la sanction, la vraie, la seule sanction
legitime de tous les pouvoirs, l'election populaire, la delegation
directe. "C'est l'enfance de la liberte, dit-on?" Oui, c'est vrai, la
France electorale marche comme l'enfance, mais elle marche; aucune autre
nation n'a encore marche aussi longtemps dans cette voie nouvelle,
l'election populaire! La France va probablement voter l'empire a vie,
comme elle vient de voter la dictature pour dix ans; et je parie qu'elle
sera enchantee de le faire; c'est si doux, si flatteur pour un ouvrier,
pour un paysan, de se dire, dans son ignorance, dans sa naivete, dans sa
betise, si vous voulez: "C'est moi maintenant qui fais les empereurs!"
On vous a dit que le peuple avait vote sous la pression de la peur, sous
l'influence de la calomnie! Ce n'est pas vrai. Il y a eu terreur et
calomnie avec exces; mais le peuple eut vote sans cela comme il a vote.
En 1852, ce 1852 reve par les republicains comme le terme de leurs
desirs et le signal d'une revolution terrible, la deception eut ete
bien autrement epouvantable qu'elle ne l'est aujourd'hui. Le peuple eut
probablement resiste a la loi du suffrage restreint, il eut vote envers
et contre tous; mais pour qui?
Pour Napoleon, qui avait pris les devants, avec un a propos
incontestable, en demandant le retrait de cette loi a son profit, et
qui, certes, ne l'eut pas demande s'il n'eut ete sur de son affaire.
Le peuple est ignorant, borne comme science, comme prevision, comme
discernement politiques. Il est fin et obstine dans le sentiment de son
droit acquis. Il avait elu ce president a une grande majorite. Il
etait fier de son oeuvre..., il avait tate sa force. Il ne l'eut pas
compromise en
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