our moi que, dans votre derniere, vous faites un malentendu
enorme de quelque reflexion que je ne peux me rappeler assez
textuellement, pour m'expliquer votre erreur. Mais ce que vous me faites
dire, je ne vous l'ai pas dit comme vous l'entendez, j'en suis certaine,
ou bien votre colere serait trop juste. Vraiment, cher ami, la douleur
vous rend irritable et ombrageux, meme avec les coeurs qui vous aiment
et vous respectent le plus. Qui vous dit que travailler pour votre
patrie est une vaine gloire, et que je vous accuse de gloriole?
J'ai cru rever en voyant votre interpretation d'une phrase, ou j'ai du
vous dire, ou je crois vous avoir dit qu'il ne s'agit plus de savoir
qui aura l'initiative; qu'aujourd'hui, ce serait une vaine gloire de
s'attribuer, soit comme Francais, soit comme Italien, des facultes
superieures pour cette initiative, et que tout reveil doit etre un acte
de foi collectif.
Je ne sais ce que j'ai dit; mais je veux etre pendue si j'ai pu vouloir
dire autre chose, et s'il y a la dedans un reproche, un doute pour vous;
je ne vous comprends pas de vous facher ainsi contre moi, quand j'ai
si rarement le bonheur de pouvoir causer avec vous; quand il est si
chanceux d'y parvenir sans que les lettres soient interceptees; quand
des semaines et des mois doivent se passer sans que j'aie d'autre
souvenir de vous qu'une lettre de reproches trop vehements et nullement
merites. Je n'ai pas recu l'article que vous m'avez envoye. Je crois
l'avoir lu en entier dans un extrait de journal qu'on m'avait envoye de
Belgique quelque temps auparavant, lorsque j'etais a Paris. J'ignore si
on m'a envoye la reponse collective dont vous vous plaignez. Je n'ai
rien recu; une lettre que m'avait ecrite Louis Blanc, et dont il me
parle aujourd'hui dans une autre lettre etrangere a toute politique, a
ete saisie apparemment par la police: je ne l'ai pas recue. J'ai cherche
dans les journaux que je suis a meme de consulter ici cette reponse,
tronquee ou non. Je ne l'ai point trouvee. Je n'en sais donc pas le
premier mot. Vous me dites, et l'on me dit d'ailleurs, qu'elle est
mauvaise, _archi-mauvaise_. Je n'ai pas besoin vis-a-vis de vous de la
desavouer. Elle est signee dites-vous, par des gens que j'aime, c'est
vrai, mais plus ou moins: quelques-uns beaucoup, d'autres pas du tout.
Quelle qu'elle soit, du moment qu'elle vous meconnait, vous outrage et
vous calomnie, je la condamne et suis fachee de ne l'avoir pas
connue lorsque j'ai
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