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coupables envers nous, je crois etre plus republicaine, plus socialiste
que jamais.
M. de Persigny, charge de la noble mission de reparer, de consoler,
d'apaiser, et joyeux d'en etre charge, j'en suis certaine, appreciera
mon sentiment et ne voudra pas que son nom, celui du prince auquel il
a devoue sa vie, soient le drapeau dont Les legitimistes et les
orleanistes (sans parler des ambitieux qui appartiennent a tous les
pouvoirs) se servent pour effrayer les provinces, par l'insolent
triomphe des plus mauvaises passions.
Voila mon plaidoyer, monsieur; je suis un avocat si peu exerce, et la
crainte d'ennuyer et d'importuner est si grande chez moi, que je n'ose
pas l'adresser directement a M. le ministre. Mais, comme c'est la
premiere fois, la derniere fois j'espere, que je vous importune, vous,
monsieur, je vous demande en grace de le resumer pour le lui presenter.
Il sera plus clair et plus convaincant dans votre bouche.
Qui sait si je ne pourrai pas vous rendre un jour meme service de coeur
et de conviction.
Les destins et les flots sont changeants. J'ai passe bien des heures,
en mars, et en avril 1848, dans le cabinet ou M. de Persigny m'a fait
l'honneur de me recevoir. J'y allais faire pour le parti qui nous a
renverse ce que je fais aujourd'hui pour celui qui succombe. J'y ai
plaide et prie souvent, non pour faire ouvrir des prisons, elles etaient
vides, mais pour conserver des positions acquises, pour moderer des
oppositions obstinees mais inutiles, pour proteger des interets non
menaces, mais effrayes. J'y ai demande et obtenu bien des aumones pour
des gens qui m'avaient calomniee et persecutee. Je ne suis pas degoutee
de mon devoir, qui est, avant tout, je crois, de prier les forts pour
les faibles, les vainqueurs pour les vaincus, quels qu'ils soient et
dans quelque camp que je rue trouve moi-meme.
Agreez, monsieur, mes excuses pour cette longue lettre, et mes
remerciements pour la patience que vous aurez eue de la lire jusqu'au
bout. Permettez-moi d'esperer que vous accorderez votre aide genereuse
et sympathique a des intentions dont la droiture ne saurait etre
soupconnee.
CCCXLII
A SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLEON (JEROME)
A PARIS
Paris. 2 fevrier 1852.
Cher prince,
Le comte d'Orsay, qui est si bon, et qui cherche toujours ce qu'il peut
annoncer d'agreable a ses amis, me dit aujourd'hui que vous avez de la
sympathie, presque de l'amitie pour m
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