es, qui vous interesseraient; mais je peux
les resumer en quelques lignes qui vous donneront la mesure des choses.
Le nom dont on s'est servi pour accomplir cette affreuse boucherie de
reaction n'est qu'un symbole, un drapeau qu'on mettra dans la poche
et sous les pieds le plus tot qu'on pourra. L'_instrument_ n'est pas
dispose a une eternelle docilite. Humain et juste par nature, mais
nourri de celle idee fausse et funeste que _la fin justifie les moyens_,
il s'est persuade qu'on pouvait laisser faire beaucoup de mal pour
arriver au bien, et personnifier la puissance dans un homme pour faire
de cet homme la providence d'un peuple.
Vous voyez ce qui adviendra, ce qui advient deja de cet homme. On lui
cache la realite des faits monstrueux qu'on accomplit en son nom, et il
est condamne a la meconnaitre pour avoir meconnu la verite dans l'idee.
Enfin, il boit un calice d'erreurs presente a ses levres, apres avoir
bu le calice d'erreurs presente a son esprit, et, avec la volonte
personnelle du bien reve, il est condamne a etre l'instrument, le
complice, le pretexte du mal accompli par tous les partis absolutistes.
Il est condamne a etre leur dupe et leur victime. Dans peu, j'en ai
l'intime et tragique pressentiment, il sera frappe pour faire place a
des gens qui ne le vaudront certainement pas, mais qui prennent le
soin de le faire passer pour un despote implacable (sous d'hypocrites
formules d'admiration), afin de rendre sa memoire responsable de tous
les crimes commis par eux a son insu.
Il me parait essayer maintenant d'une dictature temporaire dont il
espere pouvoir se relacher. Le jour ou il l'essayera, il sera sacrifie,
et, pourtant, s'il ne l'essaye pas bientot, la nation lui suscitera une
resistance insurmontable. Je vois l'avenir bien noir; car l'idee de
fraternite est etouffee pour longtemps par le systeme d'infamie, de
delation et de lache vengeance qui prevaut. La pensee de la vengeance
entre necessairement bien avant dans les coeurs, et que devient, helas!
le sentiment chretien, le seul qui puisse faire durer une republique!
Je ne sais, quant a nous, pauvres persecutes du Berry, ce qui sera
statue sur notre sort. J'ai plaide notre cause au point de vue de la
liberte de conscience, et je le pouvais _en toute conscience_, puisque
nous n'avons rien fait en Berry contre la personne du president depuis
les evenements de decembre. Il m'a ete repondu qu'on ne poursuivait pas
les pensees, les intentions, les opi
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