lades!
Bonsoir encore, cher ami; je t'envoie cette lettre par une occasion
sure. Embrasse ta chere Peppina pour moi. Maurice est tres fier de ton
compliment.
[1] _Les Vacances de Pandolphe_.
CCCL
AU PRINCE LOUIS-NAPOLEON BONAPARTE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Paris, mars 1852.
Prince,
Ils sont partis pour le fort de Bicetre, ces malheureux deportes de
Chateauroux, partis enchaines comme des galeriens, au milieu des larmes
d'une population qui vous aime et qu'on vous peint comme dangereuse et
feroce. Personne ne comprend ces rigueurs. On vous dit que cela fait
_bon effet_; on vous ment, on vous trompe, on vous trahit!
Pourquoi, mon Dieu, vous abuse-t-on ainsi? Tout le monde le devine et le
sent, excepte vous. Ah! si Henri V vous renvoie en exil ou en prison,
souvenez-vous de quelqu'un qui vous aime toujours, bien que votre
regne ait dechire ses entrailles et qui, au lieu de desirer, comme les
interets de son parti le voudraient peut-etre, qu'on vous rende odieux
par de telles mesures, s'indigne de voir le faux role qu'on veut vous
faire dans l'histoire, a vous qui avez le coeur grand autant que la
destinee.
A qui plaisent donc ces fureurs, cet oubli de la dignite humaine, cette
haine politique qui detruit toutes les notions du juste et du vrai,
cette inauguration du regne de la terreur dans les provinces, le
proconsulat des prefets, qui, en nous frappant, deblayent le chemin pour
d'autres que vous? Ne sommes-nous pas vos amis naturels, que vous avez
meconnus pour chatier les emportements de quelques-uns? Et les gens
qui font le mal en votre nom, ne sont-ils pas vos ennemis naturels?
Ce systeme de barbarie politique plait a la bourgeoisie, disent les
rapports. Ce n'est pas vrai. La bourgeoisie ne se compose pas de
quelques gros bonnets de chef-lieu qui ont leurs haines particulieres a
repaitre, leurs futures conspirations a servir. Elle se compose de gens
obscurs qui n'osent rien dire, parce qu'ils sont opprimes par les plus
apparents, mais qui ont des entrailles et qui baissent les yeux avec
honte et douleur en voyant passer ces hommes dont on fait des martyrs
et qui, ferres comme des forcats sous l'oeil des prefets, tendent avec
orgueil leurs mains aux chaines.
On a destitue a la Chatre un sous-prefet, j'en ignore la raison; mais
le peuple dit et croit que c'est parce qu'il a ordonne qu'on otat les
chaines et qu'on donnat des voitures aux prisonniers.
Les p
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