m'interessent.
CCCXLIV
A M. CHARLES DUVERNET, A LA CHATRE
Paris, 10 fevrier 1852.
Mes amis,
Ne soyez pas inquiets du resultat de mes demarches. Autant qu'on peut
etre sur des choses humaines, je le suis que nous gagnerons notre
proces. Je vous dirai des choses qui vous etonneront bien, mais qu'il
est inutile de confier au papier.
J'ai embrasse, ce soir, dans la rue, votre ami de Riberac[1], libre pour
vingt-quatre heures sur le pave de Paris, et partant cette nuit pour
Bruxelles, avec un autre dont vous verrez le nom dans les journaux.
_La personne que vous savez_ a ete, a cet egard, d'un _chevaleresque_
accompli, et il y a autour de cela des circonstances qui ebranleront
toutes vos idees sur son compte, et qui, pour le mien, m'enchainent
serieusement par une estime personnelle en dehors de toutes les idees
politiques; invariables chez moi, comme vous pensez bien.
Il faut, en effet, beaucoup de prudence et de discretion en ce qui me
concerne. Je ne crains nullement de me compromettre pour mon compte;
mais je peux faire quelque bien a ceux qui souffrent, et il est inutile
de susciter des difficultes. Je crois que je les vaincrais toutes, mais
cela me retarderait.
Bonsoir, chers enfants; je n'ai pas le temps d'ecrire, mais ecrivez-moi
et dites-moi qui sort ou ne sort pas.
Je vous embrasse de coeur.
Merci pour mon vieux chien. Vous etes bons de l'aimer. Je n'ai pas
encore perdu l'habitude de le chercher derriere moi a chaque instant.
[1] Marc Dufraisse.
CCCXLV
AU PRINCE LOUIS-NAPOLEON BONAPARTE
Paris, 13 fevrier 1852
Prince,
Permettez-moi de mettre sous vos yeux une douloureuse supplique: celle
de quatre soldats condamnes a mort, qui, dans leur profonde ignorance
des choses politiques, ont choisi un proscrit pour leur intermediaire
aupres de vous. La femme du proscrit, qui ne demande et n'espere
rien pour sa propre infortune et qui ne connait pas plus que moi les
signataires de la petition, m'ecrit, en me l'envoyant, quelques lignes
fort belles, qui vous toucheront plus, j'en suis certaine, que ne le
ferait un plaidoyer de ma part. La pauvre ouvriere desolee, reduite a la
misere avec trois enfants, malade elle-meme, mais muette et
resignee, est loin de croire que j'oserai vous faire lire ses fautes
d'orthographe. Moi, je ne voulais plus vous importuner; mais, quand j'ai
vu qu'il s'agissait de la peine de mo
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