rt, et nullement des malheurs de
mon parti vaincu, j'ai senti qu'un moment d'hesitation m'oterait le peu
de sommeil qui me reste.
Je n'ai pas pu refuser non plus de vous presenter la supplique du
malheurenx Emile Hogat, qui m'a ete remise en l'absence et de la part du
prince Napoleon-Jerome. C'est ce prince qui m'avait dit, au moment ou,
pour la premiere fois, j'allais vous aborder en tremblant: "Oh! pour
bon, il l'est. Ayez confiance!" C'etait un encouragement si bien fonde,
que je lui en dois de la gratitude. Et, a propos de la triple grace
que vous m'avez accordee, je voudrais vous dire quelque chose qui
vous interessera et vous satisfera, j'en suis bien sure. J'en ai meme
plusieurs a vous dire, c'est mon devoir, et, cette fois, je n'aurai pas
a vous demander pardon de vous les avoir dites.
Quand vous aurez un instant a perdre, comme on dit dans le monde,
accordez-le-moi, vous me trouverez toujours prete a en profiter avec une
vive reconnaissance.
GEORGE SAND
Noms des condamnes a mort: Duchauffour, Lucas (Jean-Cesar), Mondange,
Guillemin, soldats au 3e regiment de chasseurs d'Afrique.
CCCXLVI
AU MEME
Paris, 20 fevrier 1852.
Prince,
J'etais bien resolue a ne plus vous importuner, mais votre bienveillance
m'y contraint, et il faut que je vous en remercie du fond du coeur. M.
Emile Rogat est en liberte, MM. Dufraisse et Greppo sont a l'etranger,
et les quatre malheureux soldats dont je me suis permis de vous envoyer
la supplique sont gracies, j'en suis certaine, sans m'en informer. Mais
vous m'avez aussi accorde la commutation de peine de M. Luc Desages,
gendre de M. Pierre Leroux, condamne a dix ans de deportation; vous avez
permis qu'il fut simplement exile, et, avec votre autorisation, j'avais
annonce cette bonne nouvelle a sa famille.
Cet ordre de votre part n'a pas eu son execution, ce doit etre ma faute!
Je vous ai donne un renseignement inexact. Il a ete condamne par la
commission militaire de l'Allier, a Moulins, et non pas a Limoges comme
j'avais eu l'honneur de vous le dire.
Prince, daignez reparer d'un mot ma deplorable maladresse, et l'erreur
plus deplorable encore d'un jugement inique.
Ah! prince, mettez donc bientot le comble a _mon devouement pour votre
personne_, phrase de cour qui sous ma plume est une parole serieuse.
Votre politique, je ne peux l'aimer, elle m'epouvante trop pour vous et
pour nous. Mais votre caractere personnel, je pui
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