erre qui
usurpait le siege de Simon Pierre, et elle rencontre un autre Pierre qui
attaque la foi de Simon Pierre. L'un etait le lion rugissant, l'autre
est le dragon qui guette sa proie dans les tenebres: mais le pape
ecrasera le lion et le dragon[248]. Le nouveau theologien invente de
nouveaux dogmes, il les ecrit, afin d'en mieux empoisonner la posterite;
et, au milieu de ses heresies, il se vante d'avoir ouvert les sources de
la science aux cardinaux et aux clercs de la cour de Rome. Il dit qu'il
a mis ses livres dans leurs mains, et il appelle a defendre son erreur
ceux-la meme qui le doivent juger. "Persecuteur de la foi, comment as-tu
la pensee, la conscience d'invoquer le defenseur de la foi? De quels
yeux, de quel front peux-tu contempler l'ami de l'epoux, toi, le
violateur de l'epouse? Oh! si le soin de mes freres ne me retenait! Oh!
si mon infirmite corporelle ne m'empechait, de quelle ardeur j'irais
voir l'ami de l'epoux qui prend la defense de l'epouse en l'absence
de l'epoux! Moi qui n'ai pu taire les injures de mon Seigneur, je
supporterais patiemment les injures de l'Eglise! Mais toi, Pere
bien-aime, n'eloigne pas d'elle ton bras secourable; songe a sa defense,
ceins ton glaive. Deja l'abondance de l'iniquite refroidit la charite
d'un grand nombre; deja l'epouse du Christ, si tu n'y portes la main,
sort et suit les traces des troupeaux et les fait paitre aupres des
tentes des pasteurs[249]."
[Note 247: S. Bern. _Op._, ep. CLXXXVIII.]
[Note 248: "Squamma aquammae conjungitur.... ad imaginem et
similitudinem illius qui transfigurat se in angelum lucis, habentes
formam pietatis.... Evasimus rugitum Petri Leonis, sedem Simonis
Petri occupantem; sed Petrum Draconis incurremus, fidem Simonis Petri
impugnantem, etc." Il y a la un jeu de mots sur le nom de Pierre de
Leon. (S. Bern. _Op._, ep. CCCXXX.)]
[Note 249: _Id. ibid., in fin._--Les derniers mots sont empruntes
aux versets 6 et 7 du c. 1 du _Cantique des Cantiques_. Toute la lettre
est remplie d'allusions a des passages du meme poeme sur lequel saint
Bernard avait fait un traite.]
C'est ainsi que saint Bernard parle dans ses lettres a divers membres du
sacre college, aux cardinaux Ives et Gregoire Tarquin, a Etienne, eveque
de Palestrine. Dans sa circulaire a tous les eveques et cardinaux de la
cour de Rome[250], il tient le meme langage. Il leur rappelle que leur
oreille doit etre ouverte aux gemissements de l'epouse, qu'ils sont
les fils de l'Egl
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