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quelle eglise, n'est guere connu que par son apologie d'Abelard et
une invective contre les chartreux. Petrarque, le premier, l'a appele
_Pictaviensis_ (Poitevin). Dom Brial soupconne qu'il l'a confondu avec
Pierre de Poitiers, autre disciple d'Abelard, et veut, sans trop de
fondement, que Berenger soit _Gabalitanus_ ou du Gevaudan. (_Ab. Op_.,
pars II, ep. XVII, XVIII et XIX; Not., p. 1192.--_Hist. litt_., t. XII,
p. 264.--_Rec. des Hist_., t. XIV, p. 294.)]
Enfin un homme intrepide, jeune encore, Arnauld de Bresce, qui passe
egalement pour avoir suivi les lecons d'Abelard, venait de se retirer
en France, banni de Rome par l'autorite pontificale, pour y avoir
fougueusement soutenu la reforme spirituelle et temporelle de l'Eglise
chretienne. Moins preoccupe du dogme que des abus introduits dans la
constitution du clerge, il preludait, sans le savoir, a l'insurrection
des Vaudois, des Albigeois, a celle du protestantisme, par des attaques
ou se melait a la passion de l'independance religieuse un sentiment
confus de la liberte politique[244]. On dit qu'il se rapprocha
d'Abelard, et le poussa vivement a la resistance. Rien, a notre
connaissance, n'atteste cette coalition que le dire de saint Bernard. Il
appelle Arnauld le lieutenant, ou plutot l'_ecuyer_ d'Abelard[245], et
met grand soin, dans ses lettres pour Rome, a confondre la cause de l'un
avec celle de l'autre, et a representer Abelard, tantot comme le guide,
tantot comme l'instrument de l'ennemi que le pape venait de frapper.
Esperons pour saint Bernard qu'il a dit vrai.
[Note 244: Arnauld, qu'on croit ne a Bresce, dans les premieres
annees du XIIe siecle, attaqua avec tant de violence la richesse du
clerge et le despotisme du gouvernement papal qu'il fut condamne en 1139
par le concile de Latran. Force de quitter l'Italie, il vint en Suisse,
et de la apparemment en France. Il repassa les Alpes en 1141, souleva
Bresce, provoqua dans Rome un mouvement revolutionnaire qui triompha
dix-ans, et fut brule vif en 1155.]
[Note 245: "Procedit Golias procero corpore, nobili illo suo bellico
apparatu circumcinctus, antecedente quoque ipsum ejus armigero Arnaldo
de Brixia. (S. Bern. _Op._, ep. CLXXXIX. Voyez aussi les lettres CXCV et
CCCXX.)]
Excite ou non par Arnauld de Bresce, Abelard affronta la tempete, et
traita ses pieux et puissants adversaires comme des coeurs mechants
et des esprits faibles. Revenant a la confiance presomptueuse de sa
jeunesse, entraine
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