de France,
son frere, Beatrix, quatrieme fille du comte de Provence, soeur de la
reine de France, de la reine d'Angleterre et de l'epouse de Richard,
frere du roi d'Angleterre. Le comte de Provence etant mort dans les
derniers jours de l'annee precedente, le roi fit marcher des troupes du
cote de la Provence pour s'en saisir comme d'un bien appartenant a la
reine sa femme, fille ainee du comte, et par consequent son heritiere.
Charles fut reconnu comte de Provence, et mis en possession de toutes
les places. Par ce mariage, la Provence qui avait ete usurpee sur la
France, apres la mort de Louis-le-Begue, et en avait toujours ete
separee depuis, rentra dans la maison royale de France, plus de trois
cents ans apres cette separation.
Le roi, dans la meme annee y fit chevalier, a Melun, le nouveau comte de
Provence, et l'investit des comtes d'Anjou et du Maine, lui assigna
sur son epargne une pension considerable, et le rendit un prince
tres-puissant.
Ces differens soins, et le gouvernement de l'etat, n'empecherent pas
Louis de se preparer au voyage d'outre-mer, quelques efforts que la
reine sa mere put faire pour l'en detourner. Elle ne cessait de lui
repeter qu'un voeu, fait dans l'extremite ou sa maladie l'avait reduit,
c'est-a-dire dans un moment ou la tete n'est pas bien libre, n'etait en
aucune facon capable de le lier; que le seul interet du royaume, sans
autre dispense, suffisait pour l'en degager; que tout demandait sa
presence, tant au dedans qu'au dehors; l'infidelite des Poitevins qui
n'obeissaient qu'avec regret; les mouvemens du Languedoc qui n'etaient
qu'assoupis; l'animosite de l'Angleterre; l'irreconciliable inimitie
du pape et de l'empereur, qui mettait l'Allemagne et l'Italie en
combustion; l'interet de ses peuples qui ne devaient pas lui etre moins
chers que les chretiens de l'Orient; sa tendresse pour sa famille,
que son absence exposait peut etre, par la suite, a toutes sortes de
malheurs; enfin les larmes d'une mere qui n'avait plus guere a vivre,
et qui regardait cette separation comme devant etre a son egard sans
retour. Blanche n'etait pas seule de son opinion: la plupart des
seigneurs pensaient comme elle. Ils vinrent avec elle trouver le roi, et
lui firent les remontrances les plus vives sur le danger d'une pareille
emigration. Ils lui representerent les difficultes extremes que l'on
trouverait a y reussir; l'eloignement des lieux ou l'on allait porter la
guerre; le peril du transport des trou
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