nque que toi. Ou es-tu?
Laisseras-tu donc bouter le vin du cru? Viendras-tu au moins passer
les vacances? J'ai besoin de toi, non seulement pour m'amuser tout a
fait, mais encore pour m'aider a reinstaller et a arranger la maison
comme elle doit etre; car je n'entends pas grand'chose aux affaires
d'ici. Nous en causerons en attendant a Paris, ou je serai dans les
premiers jours de mai. Tu viendras bien y faire un tour avant que je
m'en aille en Suisse, d'ou je reviendrai pour les vacances de mes
mioches.
J'ai fait connaissance avec Michel, qui me parait un gaillard
solidement trempe pour faire un tribun du peuple. S'il y a un
bouleversement, je pense que cet homme fera beaucoup de bruit. Le
connais-tu?
Planet est toujours un charmant jeune homme, bon comme un ange. Fleury
a une fille charmante, une femme _idem_. Madame Charles est encore
grosse. Le pere Duvernet se meurt; j'en suis tres peinee, c'est un
vieux debris de notre ancien Nohant qui s'en va rejoindre notre pere
et notre grand'mere. En outre, c'est un brave homme qui manquera
beaucoup au pays. Agasta va tout doucement. Felicie reste pres d'elle.
Madame *** va rejoindre ses parents pour les aider a transporter leur
nouvelle residence. Par la meme occasion, elle plantera une corne ou
deux a son imbecile de mari, si elle en trouve l'occasion. Que n'es-tu
la, consolateur de la beaute delaissee! M. de... s'en serait charge,
si elle eut ete tant soit peu bien nee; mais c'etait trop d'honneur
pour une roturiere, et il attend que la duchesse de Berri vienne a
B... pour deranger sa cravate et sa vertu.
Ton _fils_ Duplomb va, dit-on, revenir; il envoie en present des
perruches aux dames de la Chatre: c'est un cadeau ironique et
facetieux comme lui; Fleury a manque etouffer M. Vilcocq[1] en
l'embrassant, Bengali[2] rossignolise toujours en faisant des
oeillades a tout le sexe en particulier et en general. Son frere est
toujours mon vieux de predilection. Voila l'etat des affaires; si
celles des cabinets d'Europe allaient aussi bien, on n'aurait plus
besoin de diplomates.
Quand tu seras la, nous serons au grand complet; il faudra t'occuper
de marier Hydrogene[3] et tacher de le fixer au pays.
Adieu, mon vieux; je t'embrasse mille fois, ainsi que ta femme et
Leontine. Il faut l'amener absolument aux vacances.
[1] Marchand de vins.
[2] Charles Rollinat
[3] Adolphe Duplomb, pharmacien.
CXXIII
A M. ADOLPHE GUEROULT, A PARIS
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