acre et sans
l'accomplissement duquel tu ne serais qu'une ame mediocre et seche. La
femme qui t'y ferait manquer, et qui t'aimerait encore apres, serait
une femme echauffee de desirs seulement. Apres quoi, tu pourrais ne
jamais entendre parler d'elle; jamais un amour honnete et veritable ne
se nourrira de honteux sacrifices.
Que pouvez-vous donc l'un pour l'autre? Rien, quant aux faits. Il ne
t'est pas permis (sans compter l'amitie du mari, qui te cree des
devoirs en plus) de changer la position sociale de quelque femme que
ce soit. Il ne t'est pas meme permis de te marier, a moins que tu ne
trouves une dot.
Ne pouvant vous appartenir librement, je pense qu'il doit repugner a
l'un et a l'autre d'entrer dans ce commerce lache et malpropre qui
menage au mari les hasards de la paternite. Je ne te crois pas capable
d'aimer huit jours une femme qui, pour echapper a un malheur
inevitable, irait preter aux caresses maritales un flanc feconde par
toi.
Soyez donc sages, faites-y vos efforts et que de longs tete-a-tete,
que des heures d'enthousiasme prolonge ne degenerent pas, sous le
voile de l'extase, en des besoins physiques auxquels il n'est plus
possible de resister quand on leur a indiscretement donne le change.
Epurez vos coeurs, soyez des martyrs et des saints ou fuyez-vous au
plus vite; car une faiblesse vous jettera dans une serie d'infortunes
ou de deboires ou l'amour s'eteindra. Je le garantis pour toi, dont
l'ame ne pourrait recevoir une souillure sans en detester aussitot la
cause.
Cette vertu rigide ne sera, je le suppose, vraiment difficile qu'a
toi, homme. Je serais bien etonnee qu'une femme toute jeune et toute
pure n'en comprit pas la poesie et le charme, et qu'au bout de tres
peu de temps, elle n'y trouvat pas toutes les garanties de son bonheur
et de sa securite.
Quant au role noble, et au digne exemple qu'elle presentera en
agissant ainsi, il est facile de le concevoir sous l'aspect general.
Les femmes placees dans cette lutte terrible de la passion et du
devoir, plaideront puissamment leur cause en montrant de quelle force
d'ame elles sont capables. Leurs epoux, forces a les estimer, ne les
opprimeront jamais. S'ils le font si decidement et reellement on voit
un sexe irreprochable, genereux, prudent et stoique insulte et meconnu
par un sexe despote et brutal, il y aura bientot des lois
d'affranchissement; car, dans chaque sexe, il y a pour la cause de la
verite un sentiment de justice et un b
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