etire son appui et
les laissera plus tristes, plus desunis et plus decourages que jamais.
Si Franz a sur lui de l'influence, qu'il le conjure de bien connaitre
et de bien apprecier l'etendue du mandat que Dieu lui a confie. Les
hommes comme lui font les religions et ne les acceptent pas. C'est la
leur devoir. Ils n'appartiennent point au passe. Ils ont un pas a
faire faire a l'humanite. L'humilite d'esprit, le scrupule,
l'orthodoxie sont des vertus de moine que Dieu defend aux
reformateurs. Si l'oeuvre que je reve pour lui peut s'accomplir, c'est
_vous_ qui serez obligee de vous joindre a son bataillon sacre. Vous
avez l'intelligence plus male que bien des hommes, vous pouvez etre un
flambeau pur et brillant.
J'ai ecrit a Paris pour qu'on vous envoie le numero du _Droit_. Je
suis toujours dans le _statu quo_ pour mon proces. L'acte d'appel est
fait. Je suis encore a la Chatre chez mes amis, qui me gatent comme un
enfant de cinq ans. J'habite un faubourg en terrasse sur des rochers;
a mes pieds, j'ai une vallee admirablement jolie. Un jardin de quatre
toises carrees, plein de roses, et une terrasse assez spacieuse pour y
faire dix pas en long, me servent de salon, de cabinet de travail et
de galerie. Ma chambre a coucher est assez vaste; elle est decoree
d'un lit a rideaux de cotonnade rouge, vrai lit de paysan, dur et
plat, de deux chaises de paille et d'une table de bois blanc. Ma
fenetre est situee a six pieds au-dessus de la terrasse. Par le
treillage de l'espalier, je sors et je rentre la nuit pour me promener
dans mes quatre toises de fleurs sans ouvrir de portes et sans
eveiller personne.
Quelquefois je vais me promener seule a cheval, a la brune. Je rentre
sur le minuit. Mon manteau, mon chapeau d'ecorce et le trot
melancolique de ma monture me font prendre dans l'obscurite pour un
marchand forain ou pour un garcon de ferme. Un de mes grands
amusements, c'est de voir le passage de la nuit au jour; cela s'opere
de mille manieres differentes. Cette revolution, si uniforme en
apparence, a tous les jours un caractere particulier.
Avez-vous eu le loisir d'observer cela? Non! Travaillez-vous? Vous
eclairez votre ame. Vous n'en etes pas a vegeter comme une plante.
Allons, vivez et aimez-moi. Ne partez pas sans m'ecrire. Que les vents
vous soient favorables et les cieux sereins! Tout prospere aux amants.
Ce sont les enfants gates de la Providence. Ils jouissent de tout,
tandis que leurs amis vont toujours s'inqu
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