ietant. Je vous avertis que
je serai souvent en peine de vous si vous m'oubliez.
Je vous ferai arranger une belle chambre _chez moi_.
Je fais un nouveau volume a _ Lelia_. Cela m'occupe plus que tout
autre roman n'a encore fait: Lelia n'est pas moi. Je suis meilleure
enfant que cela; mais c'est mon ideal. C'est ainsi que je concois ma
muse, si toutefois je puis me permettre d'avoir une muse.
Adieu, adieu! le jour se leve sans moi.--_-Per la ala del balcone,
presto andiamo via di qua_...
[1] Reverie, imagination
CXLV
A MADAME MARLIANI, A PARIS
La Chatre, 28 juin 1836.
Mon amie,
J'ai ecrit pour vous satisfaire, non pas a l'abbe[1], il nous a trop
positivement defendu a tous de jamais lui adresser qui que ce soit
(fut-ce le pape); mais a mon ami Didier, qui se chargera de vous faire
faire connaissance avec lui d'une maniere plus affectueuse et plus
intime, en vous donnant rendez-vous quelque jour rue du Regard. Il ira
vous voir a cet effet, et vous dira l'heure ou vous pourrez rencontrer
chez lui le bon abbe dans un bon jour.
Toujours affable et modeste, il est quelquefois tres trouble et tres
mal a l'aise, quand on lui presente une lettre de recommandation. Il a
toute la timidite naive du genie. Si vous le trouvez causant a son
aise avec ses amis de la rue du Regard, ou il passe une partie de ses
journees, vous le connaitrez bien mieux, et le plaisir qu'il aura
lui-meme a vous connaitre ne sera trouble par aucun mal-a-propos.
Didier est a Geneve en ce moment, mais pour tres peu de jours.
Aussitot qu'il sera revenu a Paris, il ira chez vous. Je lui ai fait
passer votre adresse.
Vous etes bien aimable de me donner de vos nouvelles et de me conter
vos soucis. J'espere que les choses ne tourneront pas aussi mal que
vous le craignez. Vous avez de la force, ayez aussi de l'esperance,
c'est une des faces du courage. Quoi qu'il vous arrive, vous me
trouverez toujours pleine de sollicitude et de devouement pour vous,
vous n'en doutez pas, j'espere.
Mon proces est toujours _pendant_ devant la cour de Bourges. J'attends
l'epreuve decisive et j'ai toujours grand espoir d'en sortir aussi
bien que des deux autres. Priez pour moi, vous qui etes une bonne et
belle ame, chere a Dieu, sans doute.
C'est a cause de cela que je ne puis m'imaginer qu'il vous abandonne
jamais a un malheur reel.
Adieu; aimez-moi toujours, votre amitie m'est precieuse et douce.
Donnez-moi
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