certains endroits,
delicieuse. En somme, il est facheux que Lamartine ait fait _Jocelyn_,
et il est heureux pour l'editeur que _Jocelyn_ ait ete fait par
Lamartine.
J'ai fait connaissance avec lui. Il a ete tres bon pour moi. Nous
avons fume ensemble dans un salon qui est extremement bonne compagnie,
mais ou on me passe tous mes caprices; il m'a donne de bon tabac et de
mauvais vers. Je l'ai trouve excellent homme, un peu maniere et tres
vaniteux. J'ai fait aussi connaissance avec Berryer, qui m'a semble
beaucoup meilleur garcon, plus simple et plus franc, mais pas assez
serieux pour moi; car je suis tres serieuse, malgre moi et sans qu'il
y paraisse.
Je me suis brouillee avec madame A..., qui est une bavarde. J'ai fait
connaissance et amitie avec David Richard[2]. Il y a entre nous deux
liens: l'abbe de Lamennais, que j'adore, comme vous savez, et Charles
Didier, qui est mon vieux et fidele ami. A propos, vous me demandez ce
qui en est d'une nouvelle histoire sur mon compte, ou il jouerait un
role?--Je ne sais ce que c'est. Que dit-on?--Ce qu'on dit de vous et
de moi. Vous savez comme c'est vrai; jugez du reste. Beaucoup de gens
disent a Paris et en province que ce n'est pas madame d'... qui est a
Geneve avec vous, mais moi. Didier est dans le meme cas que vous, a
l'egard d'une dame qui n'est pas du tout moi.
Je n'ai pas vu madame Montgolfier. Elle m'a ecrit et m'a envoye votre
lettre. Je lui repondrai a Lyon, je n'en ai pas encore eu le temps.
Cette lettre de vous est la troisieme a laquelle je n'avais pas encore
repondu. Je vous en donne aujourd'hui pour votre argent.--Bonjour! il
est six heures du matin. Le rossignol chante, et l'odeur d'un lilas
arrive jusqu'a moi par une mauvaise petite rue tortueuse, noire et
sale, que j'habite au sein de la jolie ville de la Chatre,
sous-prefecture recommandable, ou ma pauvre poesie se bat les flancs
contre l'atmosphere mortelle. Si vous voyiez ce sejour, vous ne
comprendriez pas que je m'en accommode; mais j'y ai de bons amis, des
hotes excellents, et, a deux pas de la ville, des promenades
charmantes, une Suisse en miniature.
Adieu, cher Franz. Dites a Marie que je l'aime, que c'est a son tour
de m'ecrire; au docteur _Ratto_, qu'il est un pedant, parce qu'il ne
m'ecrit pas. Vous, je vous embrasse de coeur.
J'oubliais de vous dire que j'ai fait un roman en trois volumes
in-octavo, rien que ca! Je ne peux pas le faire paraitre avant la fin
de mon proces, parce qu'
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