Project Gutenberg's L'auberge de l'ange gardien, by Comtesse de Segur
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Title: L'auberge de l'ange gardien
Author: Comtesse de Segur
Release Date: July 20, 2004 [EBook #12969]
Language: French
Character set encoding: ASCII
*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'AUBERGE DE L'ANGE GARDIEN ***
Produced by Renald Levesque
COMTESSE DE SEGUR
L'AUBERGE DE L'ANGE GARDIEN.
A mes petits-fils, LOUIS ET GASTON DE MALARET.
Chers enfants, vous etes de bons petits freres, et je suis bien sure
que, si vous vous trouviez dans la triste position de Jacques et de
Paul, toi, mon bon petit Louis, tu ferais comme l'excellent petit
Jacques; et toi, mon gentil petit Gaston, tu aimerais ton frere comme
Paul aimait le sien. Mais j'espere que le bon Dieu vous fera la grace
de ne jamais passer par de pareilles epreuves, et que la lecture de ce
livre ne reveillera jamais en vous de penibles souvenirs.
Comtesse de Segur, nee Rostopchine.
I
A la garde de dieu.
Il faisait froid, il faisait sombre; la pluie tombait fine et serree;
deux enfants dormaient au bord d'une grande route, sous un vieux chene
touffu: un petit garcon de trois ans etait etendu sur un amas de
feuilles; un autre petit garcon, de six ans, couche a ses pieds, les
lui rechauffant de son corps; le petit avait des vetements de laine,
communs, mais chauds; ses epaules et sa poitrine etaient couvertes de la
veste du garcon de six ans, qui grelottait en dormant; de temps en temps
un frisson faisait trembler son corps: il n'avait pour tout vetement
qu'une chemise et un pantalon a moitie uses; sa figure exprimait la
souffrance, des larmes a demi sechees se voyaient encore sur ses petites
joues amaigries. Et pourtant il dormait d'un sommeil profond; sa petite
main tenait une medaille suspendue a son cou par un cordon noir; l'autre
main tenait celle du plus jeune enfant; il s'etait sans doute endormi en
la lui rechauffant. Les deux enfants se ressemblaient, ils devaient etre
freres; mais le petit avait les levres souriantes, les joues rebondies;
il n'avait du souffrir ni du froid ni de la faim comme son frere aine.
Les pauvres enfants dormaient encore quand, au lever du jour, un homme
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