u pere Penard, en face!
ELFY.--Bon! Ou sont-ils, que je jette un coup d'oeil dessus. On aime
toujours mieux voir par ses yeux, tu sais bien. Sont-ils dans la salle?
MADAME BLIDOT.--Non, je les ai envoyes au jardin. Elfy courut au jardin;
elle y trouva Jacques occupe a arracher les mauvaises herbes d'une
planche de carottes; Paul ramassait soigneusement ces herbes et
cherchait a en faire de petits fagots.
Au bruit que fit Elfy, les enfants tournerent la tete et montrerent
leurs jolis visages doux et riants. Jacques, voyant qu'Elfy les
regardait sans mot dire, se releva et la regarda aussi d'un air inquiet.
JACQUES.--Ce n'est pas mal, n'est-ce pas, Madame, ce que nous faisons,
Paul et moi? Vous n'etes pas fachee contre nous? Ce n'est pas la faute
de Paul; c'est moi qui lui ai dit de s'amuser a botteler l'herbe que
j'arrache.
ELFY.--Pas de mal, pas de mal du tout, mon petit; je ne suis pas
fachee; bien au contraire, je suis tres contente que tu debarrasses le
jardin des mauvaises herbes qui etouffent nos legumes.
PAUL.--C'est donc a vous ca?
ELFY.--Oui, c'est a moi.
PAUL.--Non, moi crois pas; c'est pas a vous; c'est a la dame de la
cuisine qui donne du bon fricot; moi veux pas qu'on lui prenne son
jardin.
ELFY.--Ha, ha, ha! est-il drole, ce petit! Et comment m'empecherais-tu
de prendre les legumes du jardin?
PAUL.--Moi prendrais un gros baton, puis moi dirais a Jacques de m'aider
a chasser vous, et voila!
Elfy se precipita sur Paul, le saisit, l'enleva, l'embrassa trois ou
quatre fois, et le remit a terre avant qu'il fut revenu de sa surprise
et avant que Jacques eut eu le temps de faire un mouvement pour secourir
son frere.
"Je suis la soeur de la dame au bon fricot, s'ecria Elfy en riant, et je
demeure avec elle; c'est pour cela que son jardin est aussi le mien."
-Tant mieux! s'ecria Jacques. Vous avez l'air aussi bon que la dame; je
voudrais bien que M. Moutier, qui est si bon, restat toujours ici.
-Il ne peut pas rester; mais il vous laissera chez nous, et nous vous
soignerons bien, et nous vous aimerons bien si vous etes sages et bons.
Jacques ne repondit pas; il baissa la tete, devint tres rouge, et deux
larmes roulerent le long de ses pauvres petites joues.
ELFY.--Pourquoi pleures-tu, mon petit Jacques? Est-ce que tu es fache
de rester avec ma soeur et avec moi?
JACQUES.--Oh non! au contraire! Mais je suis fache que M. Moutier s'en
aille; il a ete si bon pour Paul et pour moi.
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