suis venu plus d'une fois a
Paris, je le connais, et je vous le ferai connaitre.
X
A quand la noce?
Le general commencait a satisfaire son appetit; il fit connaissance avec
les enfants, qu'il prit fort en gre et avec lesquels il sortit apres le
dejeuner. Jacques le mena voir Torchonnet chez le cure. Mais Torchonnet
avait subi un changement qui ne lui permettait plus de conserver son
nom. La servante du cure, tres bonne femme, et qui plaignait depuis
longtemps le pauvre enfant, l'avait nettoye, peigne; elle s'etait
procure du linge blanc, un pantalon propre, une blouse a ceinture, de
gros souliers de campagne. Le cure l'avait baptise et lui avait donne
le nom de Pierre. Toute crainte avait disparu; Pierre Torchonnet avait
l'air enchante, et ce fut avec une grande joie qu'il vit arriver Jacques
et le general. Ce dernier apprit, en questionnant Torchonnet, combien
Jacques avait ete bon pour lui, et la part que lui et Moutier avaient
prise a sa delivrance. Le general ecoutait, questionnait, caressait
Jacques, serrait les mains du cure.
LE GENERAL.--Monsieur le cure, je ne connais pas un homme qui eut fait
ce que vous faites pour ce garcon, et pas un qui eut donne a Jacques
l'instruction et l'education que vous lui avez donnees. Vous etes un
bon, un estimable cure, je me plais a le reconnaitre.
LE CURE.--J'ai ete si bien seconde par Mme Blidot et son excellente
soeur, que je ne pouvais faire autrement que de reussir.
LE GENERAL.-- A propos de la petite soeur, je la marie.
LE CURE.--Vous la mariez? Elfy! pas possible!
LE GENERAL.--Et pourtant, c'est comme ca! C'est moi qui dote le marie;
ce nigaud ne voulait pas, parce qu'elle a quelque chose et qu'il n'a
rien. J'ai trouve la chose si bete que je me suis fache et que je lui ai
donne vingt mille francs pour en finir. C'est lui maintenant qui est le
plus riche des deux. Bonne farce, ca!
LE CURE, souriant.--Mais qui donc Elfy peut-elle epouser? Elle refusait
tous les jeunes gens qui se presentaient; et quand nous la grondions, sa
soeur et moi, de se montrer si difficile, elle repondait toujours: "Je
ne l'aime pas". Et si j'insistais: "Je le deteste". Puis elle riait et
assurait qu'elle ne se marierait jamais.
LE GENERAL.--Il ne faut jamais croire ce que disent les jeunes filles!
Je vous dis, moi, qu'elle epouse Moutier, mon sauveur, le brave des
braves, le plus excellent des hommes.
LE CURE.--Moutier! Ah! le brave garcon! J'en suis bien aise; il me pla
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