ux, mechant et desagreable, mais parce que
ce mariage malheureux lui a ote l'envie d'en contracter un autre.
LE GENERAL.--Et Jacques et Paul qu'elle aime tant et qui sont si
charmants! Ce serait le moyen de ne plus les perdre.
LE CURE.--Ecoutez, general, je tacherai; je ferai mon possible, car j'ai
bonne opinion de Derigny.
LE GENERAL.--Parbleu! un garcon parfait, doux comme un agneau, un coeur
d'or. Voyez-le avec ses mioches. Brave militaire, beau garcon, que vous
faut-il de Plus?
LE CURE.--Ce qu'il a, general, et ce dont vous ne parlez pas: de la
religion et de la moralite.
LE GENERAL.--Puisqu'il l'a, vous n'avez plus rien a lui demander.
LE CURE.--Aussi me trouve-je tres satisfait, general, et je desire que
Mme Blidot pense comme nous.
LE GENERAL.--Ceci vous regarde, mon bon cure, parlez-en avec elle quand
Derigny et moi nous n'y serons plus. L'affaire se terminera promptement
en la poussant, vivement.
La conversation fut interrompue par Elfy, Moutier et les enfants qui
revenaient pres du general; Elfy avait des larmes dans les yeux.
ELFY.--Mon bon general, que de reconnaissance! Il n'est pas possible
d'etre meilleur, plus genereux, plus paternel que vous ne l'avez ete
pour moi et pour Joseph. Que de choses vous nous donnez! Et avec quelle
grace, quelle bonte aimable!
Elfy. saisit une de ses mains et la lui baisa a plusieurs reprises.
LE GENERAL.--Mon enfant, laissez-moi. Je vais pleurer si vous continuez;
je n'en puis plus! Laissez-moi, vous dis-je, Moutier!
Moutier saisit son autre main, et, la serrant a la briser posa ses
levres.
MOUTIER.--Mon general, je n'ai jamais baise la main d'aucun homme; la
votre est pour moi celle d'un bienfaiteur, d'un pere.
LE GENERAL.--Tiens, vous dites comme Torchonnet. Moutier sourit; les
larmes d'Elfy firent place a un rire joyeux, et l'attendrissement du
general se dissipa comme par enchantement.
LE GENERAL.--Ouf! c'est fini! Je suis content. Voyez un peu la jolie
figure que j'aurais faite, pleurant avec Elfy et Moutier. Sapristi! je
sue d'y penser. Un general en grand uniforme pleurant comme un enfant
qui a recu le fouet! A present, mes bons amis, vous avez tout vu, vous
etes bien contents comme moi, mais bien fatigues comme moi, et vous
avez besoin d'etre seuls comme moi. Laissez-moi renvoyer tout ce monde;
promenez-vous tout doucement sur vos terres en causant et laissez-moi
surveiller le retour de l'ordre dans votre maison... Pas de replique! Je
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