chacun en redemanda. Le tour des legumes
arriva enfin; on etait a table depuis deux heures. Les enfants de la
noce, avec Jacques et Paul en tete, eurent la permission de sortir de
table et d'aller jouer dehors; on devait les ramener pour les sucreries.
Apres les asperges, les petits pois, les haricots verts, les artichauts
farcis, vinrent les cremes fouettees, non fouettees, glacees, prises,
tournees. Puis les patisseries, babas, mont-blanc, saint-honore,
talmouses, croquembouches, acheverent le triomphe du moderne Vatel et
celui du general. Les enfants etaient revenus chercher leur part de
friandises et ils ne quitterent la place que lorsqu'on eut bu aux santes
du general, des maries, de Mme Blidot, avec un champagne exquis, car la
plupart des invites quitterent la table en chancelant et furent obliges
de laisser passer l'effet du champagne dans les fauteuils ou ils
dormirent jusqu'au soir.
A la fin du diner, apres les glaces de diverses especes, les ananas, les
fruits de toutes saisons, les bonbons et autres friandises. Elfy proposa
de boire a la sante de l'artiste auteur du diner merveilleux dont on
venait de se regaler. Le general recut cette proposition avec une
reconnaissance sans egale. Il vit qu'Elfy savait apprecier une bonne
cuisine, et, dans sa joie, il la proclama la perle des femmes. On but
cette sante devant le heros artiste, que le general fit venir pour le
complimenter, qui se rengorgea, qui remercia et qui se retira recompense
de ses fatigues et de ses ennuis.
La journee s'avancait; le general demanda si l'on n'aimerait pas a la
finir par un bal. On accepta avec empressement; mais ou trouver un
violon?
Personne n'y avait pense.
"Que cela ne vous inquiete pas! ne suis-je pas la, moi? Allons danser
sur le pre d'Elfy; nous trouverons bien une petite musique; il n'en faut
pas tant pour danser; le premier crincrin fera notre affaire."
La noce se dirigea vers l'Ange-Gardien qu'on trouva decore comme la
veille. On passa dans le jardin. Sur le pre etaient dressees deux
grandes tentes, l'une pour danser, l'autre pour manger; un buffet
entourait de trois cotes cette derniere et devait, jusqu'au lendemain,
se trouver couvert de viandes froides, de poissons, de patisseries, de
cremes, de gelees; la tente de bal etait ouverte d'un cote, et garnie
des trois autres de candelabres, de fleurs et de banquettes de velours
rouge a frange d'or. Au fond, sur une estrade, etait un orchestre
compose de six musicien
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